Deux films maghrébins, Essaha (la place) de l'Algérien Dahmane Ouzid et La mosquée du Marocain Daoud Aoulad Syad, projetés mardi soir et en lice pour le grand prix du Festival du cinéma de Ouagadougou (FESPACO), s'interrogent sur la place de l'islam dans la société moderne.

Au coeur d'une cité d'Algérie, un terrain non aménagé nommé «la place» divise les jeunes. Des garçons veulent en faire un terrain de foot, certains souhaitent un espace vert, d'autres encore estiment que tout cela est une perversion au regard de l'islam. Quant aux filles, elles sont écartées des discussions car «leur place c'est dans la cuisine».
«La place» évoque les difficultés d'un islam confronté aux temps modernes, un thème qui se retrouve dans La mosquée de Daoud Aoulad-Syad.
«Le cinéma a été un prétexte pour parler des problèmes de religion», reconnaît Aoulad-Syad, interrogé par l'AFP.
«Dans les pays musulmans on a ce problème de religion où chacun peut se saisir du Coran et l'interpréter à sa façon. L'interprétation des textes coraniques est dévoyée», regrette-t-il.
La mosquée raconte l'histoire de Moha, pauvre paysan marocain qui accepte de louer son lopin de terre pour le tournage d'un film. Mais le tournage fini, du décor ne reste que la mosquée, que les villageois ne veulent pas voir détruite. Moha, qui veut pouvoir cultiver de nouveau sur son terrain, va consulter les théologiens sur la conduite à tenir, mais chacun lui donne son interprétation personnelle du Coran.
Le thème est sérieux, mais les deux films le traitent sur le ton de la comédie. De jeunes musulmans font du rap et des filles rêvent de participer au concours Miss Monde. On peut sourire aussi de cet imam qui ignore tout de l'architecture des mosquées.
Dix-huit films briguent le grand prix de la 22e édition du FESPACO, l'Étalon d'or de Yennenga, qui sera remis samedi.