La quarantaine venue, d'aucuns, échaudés par les blessures de l'amour, ont mis en... quarantaine l'idée de la vie à deux. Le mitan de la vie constitue donc un terreau fertile pour camper une intrigue amoureuse, estiment Céline Bonnier, Claude Legault et Sylvain Archambault, covedettes et réalisateur de French Kiss.

Le réalisateur Sylvain Archambault a aimé «l'écriture fraîche et nouvelle» de la scénariste José Fréchette. Céline Bonnier a été séduite par «la solitude de la bibliothécaire». Claude Legault a tout de suite apprécié ce courtier «cool et humain».

Et tous trois ont été accrochés par ces personnages dans la quarantaine, une période de la vie pas toujours explorée, mais tout à fait à propos pour réaliser une comédie romantique.

Ces ingrédients rassemblés, le tournage de French Kiss, nouveau film de Sylvain Archambault (Pour toujours les Canadiens, Piché: entre ciel et terre), pouvait commencer.

«Que ça se passe dans la quarantaine, je trouvais ça juste et intéressant, dit Céline Bonnier. Et le scénario était drôle, léger, coloré. Ça me faisait vraiment du bien de lire ça. J'avais vraiment envie de m'y prêter.»

«Plus jeune, on est rarement aussi marqué par la vie, expose de son côté Sylvain Archambault. Mais dans la quarantaine, après avoir vécu des déceptions, des désillusions amoureuses, on se fait des carapaces.»

Dans French Kiss, Juliette (Céline Bonnier) est de ces eaux-là. Bibliothécaire, elle se protège dans sa solitude, cultive des habitudes attendrissantes et tristounettes et a déjà tracé le sillon du reste de sa vie. Jusqu'à ce que...

Quelque chose d'enviable

Jusqu'à l'arrivée de Frédéric (Claude Legault), courtier plein aux as qui accoste Juliette de la façon la plus prosaïque qui soit et qui utilise un mensonge pour aller plus loin dans leur échange. Attention: spirale dangereuse!

Claude Legault aime bien ce Frédéric qui, même s'il n'est pas sans tache, a un côté sympathique.

«On aurait pu tomber dans le cliché du courtier désabusé de tout, pas cool avec les filles, un peu comme on a l'habitude de nous les présenter, dit le comédien. En lisant le scénario, je trouvais ça plus le fun que Fred soit déjà cool. Il est même assez humain. Il fait beaucoup d'argent, mais il n'est pas à l'argent. Chez Juliette, il trouve quelque chose qui lui manque et dont il a envie.»

Claude Legault et Céline Bonnier ont tous les deux joué dans le film Pour toujours les Canadiens, mais n'avaient aucune scène ensemble. French Kiss constitue leur première occasion de jouer en duo. Au départ, chacun avait une petite frayeur. Mais la chimie s'est vite installée.

«C'est plus que facile de jouer avec Céline, assure Legault. J'avais un petit trac de jouer avec elle comme avec Fanny Mallette (sa conjointe dans la télésérie 19-2). Elles font partie de mon top trois de filles «épeurantes» parce qu'elles sont bonnes. Mais j'aime jouer avec du monde fort. C'est un beau défi.»

«On m'avait bien avertie qu'avec Claude, on est en business, dit de son côté Céline Bonnier. C'est quelqu'un de très généreux, avec qui c'est le fun de travailler. Je ne le connaissais pas et moi aussi, j'avais une crainte. C'est un grand acteur, dans toutes les formes de jeu. J'avais hâte à cette rencontre même si on ne sait jamais si le gâteau va lever.»

French Kiss et...intimité

Il y a quelques scènes très intimes entre Claude Legault et Céline Bonnier dans le film. Une chose pas toujours évidente. La clé, c'est de se mettre - et mettre l'autre - à l'aise, comme on peut le constater dans cet échange entre les deux comédiens.

- Claude: «On a tout fait pour se mettre à l'aise tout de suite. On savait que nous avions un mois de travail ensemble. Et surtout en regardant nos scènes...»

- Céline: «Il fallait se frencher une couple de fois, donc...»

- Claude: «... il faut être à l'aise. On avait aussi une scène assez torride...»

- Céline: «... et on l'a fait... Mais ça, l'acteur s'y prépare, consciemment ou non. On est vraiment comme des petits chats. On joue ensemble, on sait qu'on est de la même famille.»

- Claude: «On se tiraille, on s'écoeure, on s'amuse.»

- Céline: «Mais là-dessus, Claude est particulier. C'est connu. Il est très trooper. Il s'occupe bien du groupe, il met les gens à l'aise. Il détend l'atmosphère et s'occupe beaucoup des autres.»

- Claude: «Je me sens bien là-dedans.»

Un genre peu exploité

La comédie romantique est un genre peu exploité par les cinéastes d'ici. Or, les Québécois en consomment énormément, constate Sylvain Archambault. Raison de plus pour se lancer dans ce projet. Se disant éclectique, Archambault savait qu'il marchait dans un terrain miné. «La comédie est un travail plus exigeant, croit-il. C'est très fin, très fragile. Rendre à l'écran un gag écrit sur papier tient d'un travail qui nous tient aux aguets.»

Cela dit, il aime cet équilibre entre univers masculin et féminin. «Une comédie romantique écrite par une femme et réalisée par un homme, c'est un très bel équilibre. On ne verse pas d'un seul côté», dit-il à propos de son travail avec José Fréchette. Comme Nora Ephron (scénariste) et Rob Reiner (réalisateur) dans When Harry Met Sally, fait-on remarquer. Touché! Ce classique de 1989 est une des comédies romantiques préférées d'Archambault, avec You've Got Mail, L'arnacoeur et It's Complicated.