Les films québécois sont trois fois plus nombreux à mettre en scène le tabac que les films étrangers, laisse croire une étude commanditée par le Conseil québécois sur le tabac et la santé.

Les résultats de l’étude, dévoilés mercredi, à Montréal, soulignent que 75 pour cent des 15 films québécois qui ont amassé les plus grandes recettes en 2010 montrent l’usage du tabac à l’écran.

À titre de comparaison, parmi les 15 films étrangers les plus vus au Québec, seuls 27 pour cent mettent en scène la cigarette.

L’étude, intitulée «Portrait de l’utilisation du tabac dans les films et les dramatiques québécoises», a été menée par des chercheurs de l’École des sciences de la gestion (ESG) de l’UQAM.

À la même occasion, le Conseil québécois sur le tabac et la santé a présenté les lauréats de la 2e édition des prix Oxygène et Cendrier.

Le film Lance et compte mérite le prix Oxygène parce qu’il ne contient aucune scène de consommation de tabac. Les amours imaginaires reçoit quant à lui le prix Cendrier parce que la cigarette y apparaît en moyenne «à toutes les 59 secondes» et qu’il véhicule une image «cool et glamour» du tabagisme auprès des jeunes.

Selon cette étude sur le tabac à l’écran, menée par les professeurs et chercheurs Anik St-Onge, Lilia Boujbel et François Marticotte, le film québécois qui contenait le plus de scènes de consommation de tabac au cours de la dernière année est Cabotins, suivi de L’enfant prodige, puis de Piché : Entre ciel et terre et, avec plus de 100 occurrences de tabac, Les amours imaginaires.

Marie-Soleil Boivin, qui remettait mercredi ces prix au nom du Conseil québécois sur le tabac et la santé, a expliqué ces choix.

«Nous décernons le prix Cendrier au film Les amours imaginaires parce que la cigarette, en plus d’être présente en quantité excessive, est montrée de façon à valoriser le tabac. Dans ce film, la cigarette est associée à la rébellion et au caractère sexy des personnages, ce qui est très attrayant pour un public d’adolescents ou de jeunes adultes», a-t-elle fait valoir.

Par ailleurs, l’étude montre que 87 pour cent des scènes de consommation de tabac à la télévision québécoise sont diffusées sur les ondes de Radio-Canada.

Les auteurs de l’étude se sont penchés sur un échantillon de quatre épisodes pour chacune des émissions dramatiques diffusées entre 19 h et 22 h à Radio-Canada, V et TVA, à l’automne 2010.

«Il est inquiétant de constater qu’il y a autant de personnages fumeurs dans les séries dramatiques de la télévision d’État», a soutenu Mario Bujold, directeur général du Conseil québécois sur le tabac et la santé.

«Je m’explique mal pourquoi on retrouve presque cinq fois plus de scènes de tabagisme à la SRC que dans les séries dramatiques de TVA et V combinées», a ajouté Mario Bujold.

Le Conseil québécois sur le tabac et la santé fait valoir les conclusions d’une étude de Tobacco Vector, selon lesquelles près de 36 000 adolescents sur les 82 000 fumeurs de 15 à 19 ans ont été initiés en raison de leur exposition au tabac à l’écran.