Le chaperon rouge a grandi et affiche les signes de sa féminité. Le loup est devenu un loup-garou et il est traqué par une sorte de Dracula shakespearien. Les artisans de Red Riding Hood lèvent le voile sur leurs intentions.

«À cause de la taille de mes seins», a laissé tomber Amanda Seyfried, pince-sans-rire, quand quelqu'un lui a demandé pourquoi le «little» avait disparu du titre du conte dont s'inspire Red Riding Hood de Catherine Hardwicke.

Interrogée plus tard sur les effets spéciaux du film, la jeune actrice mentionnait le fait de devoir «regarder un morceau de bois» à la place du loup-garou et avoir à sembler terrifiée par cette vision. «Oh, ce n'est certainement pas la première fois que tu avais un morceau de bois sous les yeux», a alors gloussé Gary Oldman, interprète du père Solomon, sur un ton plein de sous-entendus.

Bref, l'humeur était légère et les propos bourrés de double sens lorsque les acteurs et la réalisatrice du long métrage ont rencontré la presse, la semaine dernière. On pouvait lire entre les lignes des commentaires qui fusaient, exactement comme on peut le faire dans les contes classiques - si on prend le temps de lire les versions anciennes et non expurgées.

Dans ces écrits pré-frères Grimm concernant Le petit chaperon rouge, la perte de la virginité, l'inceste et, bien sûr, le sang - des victimes, mais aussi de la fillette qui devient adulte - sont autant de pistes explorées. Et si on y met en garde les enfants contre les inconnus - «Un conseil encore pertinent aujourd'hui, avec les prédateurs sexuels dans l'internet», note Gary Oldman - on les prévient aussi que le danger peut rôder sous leur toit. Et en eux-mêmes. «Nous avons tous des zones d'ombre en nous», rappelle Catherine Hardwicke.

Autant de zones d'ombre qu'a voulu explorer David Leslie Johnson (Orphan) dans le scénario qu'il a écrit à la demande de Leonardo DiCaprio - qui avait envie de produire une relecture du conte. Le scénariste s'est donc mis à la tâche, imaginant un chaperon rouge vivant toujours sous des cieux médiévaux dans un village sis à l'orée d'une forêt menaçante, mais en âge de se marier et écartelée entre le garçon qu'elle aime (Shiloh Fernandez) et celui auquel ses parents l'ont promise (Max Irons). Un triangle amoureux sur lequel plane l'ombre du loup, qui est en fait un loup-garou vivant incognito dans le village entre deux transformations et deux meurtres.

Le conte se teinte alors de whodunit - qui est la bête? Mystère, d'autant plus que tous peuvent être montrés du doigt - alors qu'un «enquêteur» bien particulier arrive au village: le père Solomon, que Gary Oldman incarne avec flamboyance (et robe mauve): «Malgré la tournure plus sombre qui est adoptée ici, l'histoire demeure un conte et, dans un conte, vous pouvez pousser le jeu plus loin. Je vois ce personnage comme un peu shakespearien - ou comme un Dracula léger», indique l'acteur.

Et, bien sûr, qui dit chaperon rouge dit mère-grand. Ici, elle est incarnée par Julie Christie et vit, naturellement, au coeur de la forêt. Où elle reçoit régulièrement la visite de sa petite fille bien-aimée à qui elle a offert la fameuse cape rouge. Ne manquait là que le fameux échange où la jeune fille s'interroge sur les grandes oreilles, les grands yeux et les grandes dents de l'aïeule. Il ne pouvait pas ne pas y être.

«C'est une scène iconique de l'histoire et il était impossible de passer à côté, mais dans le contexte, rien ne semblait fonctionner... à part placer cela dans une sorte de rêve», explique Amanda Seyfried - qui, en riant, affirme avoir eu le rôle parce qu'elle a «les yeux les plus grands de toutes les actrices entre 17 et 25 ans». «C'est vrai, on les a mesurés», pouffe Catherine Hardwicke. «Je pense que c'est Charlie Sheen qui s'en est chargé», ajoute Gary Oldman. Et c'était reparti pour une expédition dans les sous-entendus.

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Red Riding Hood (Le chaperon rouge) prend l'affiche demain. Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros.