Elle s'assoit «en indien» sur sa chaise. Elle parle d'abondance, avec cette voix basse et un peu rauque, cette absence de langue de bois. Michelle Rodriguez est une rebelle. À la vie comme à l'écran. Elle ne s'en plaint pas: «J'ai couru après ces rôles de filles qui bottent des culs», lance celle qui est arrivée par accident devant les caméras.

Elle a toujours voulu écrire des scénarios. «Mais avant, j'ai voulu connaître le milieu du cinéma, le travail des acteurs, etc. J'ai donc été figurante pendant deux ans.» Et ça ne l'a pas convaincue qu'il y avait une vie pour elle en haut de l'affiche: «J'ai découvert un milieu dur. Je ne me voyais pas passer des auditions, me retrouver seule devant des gens qui allaient me dire si j'étais capable ou non de jouer tel ou tel personnage.» La fierté, la bravade pointent ici.

Et puis, un jour, il a été question d'un rôle de boxeuse. Elle regardait autour d'elle. Ne voyait pas une actrice qui pouvait incarner cette fille-là. Mais, bon, le jour des auditions, elle avait un rendez-vous important avec son copain. L'accident de parcours s'est produit là: par un concours de circonstances, le garçon s'est retrouvé en prison. Et elle de décider, sur un coup de tête, de prendre le train pour New York et d'aller prouver certaines choses à la réalisatrice Karyn Kusama: «J'ai dit que je n'avais aucune expérience mais que je savais me battre.» C'est ainsi qu'en 2000, son visage s'est étalé sur les affiches de Girlfight. Bienvenue au grand écran, miss Rodriguez.

Depuis, elle a montré des poings et des dents dans The Fast and the Furious, Resident Evil, la série Lost, Avatar, Machete... «Vous avez vu mes abdominaux, là? C'est le résultat de l'entraînement que j'ai fait pour Battle: Los Angeles.» L'actrice déteste toutefois s'entraîner pour s'entraîner: «Courir sans but, je ne comprends pas. Mais donnez-moi une arme, un ennemi, je peux faire ça toute la journée.» Sans effort.

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Là où elle a eu besoin de courage, c'est pour retourner à ses premières amours: l'écriture. «Il m'a fallu 10 ans pour ça, mais ça y est, c'est fait!» annonce-t-elle. Elle a écrit une cinquantaine de pages d'un scénario dont le titre de travail est Concrete Angels, «un genre de Pulp Fiction, surréaliste mais pas aussi exagéré que Tarantino, avec du sexe, de la drogue et du rock'n'roll... et une fille qui botte des culs, bien sûr».

Mais avec un peu de nuance: «Les scénarios sont écrits par des hommes qui voient et créent les rôles de femmes tough comme si elles étaient des hommes.» Ils se trompent. C'est ce qu'elle compte (leur) prouver.