Après avoir tâté du voyage dans le temps en adaptant The Time Machine de son célèbre aïeul, Simon Wells monte à bord d'une machine à voyager dans l'espace et atterrit sur la planète rouge dans le film d'animation Mars Needs Moms. Rencontre avec le descendant de H.G. Wells.

«C'est chouette de savoir ça, c'est une anecdote cool à raconter, mais bon, il y a plusieurs générations entre nous, je ne l'ai bien sûr jamais rencontré - donc, ça tient de la légende familiale plus que ça n'a de réel impact», sourit Simon Wells quand, dans l'entrevue qu'il a accordée à La Presse quelques jours avant la sortie de Mars Needs Moms, il est question de son célèbre arrière-grand-père, H.G. Wells.

Il reconnaît toutefois aujourd'hui que de prendre la barre de The Time Machine, adaptation du roman-culte qu'il a réalisée au début des années 2000, n'a pas été la meilleure des idées: «J'ai brusquement été frappé par le poids de cet héritage. Disons que je n'adapterai pas un autre des romans connus de H.G. Wells.»

Il vient par contre d'adapter un autre livre, un de ceux du célèbre dessinateur Berkeley Breathed, Mars Needs Moms. Pour cela, le réalisateur est retourné à ses premières amours, l'animation (il a travaillé sur Who Framed Roger Rabbit?, Prince of Egypt et autres Polar Express), mais déclinée en mode très branché. Comprendre: ordinateurs et technique de pointe, ce long métrage produit par Robert Zemeckis ayant été réalisé en captation de mouvements (motion capture).

On y suit Milo (Seth Green), 9 ans, qui, un soir, ce dispute atrocement avec sa mère (Joan Cusack). Quand, enfin, il décide de s'excuser, c'est pour la découvrir en train d'être enlevée par des extraterrestres! Tentant de la libérer, il se retrouve à bord d'un vaisseau qui, bientôt, atterrit sur Mars. Là, le garçon rencontre un type original et bizarre (Dan Fogler); une Martienne rebelle (Elisabeth Harnois) et un Martien insouciant (Kevin Cahoon). Tous vivent en marge de la société totalitaire que dirige The Supervisor (Mindy Sterling). Sous sa férule, seule l'autorité est prisée. C'est pour cela que tous les 25 ans, une maman terrestre qui sait se faire obéir est enlevée, et son essence, insufflée à des robots chargés de l'éducation des nouveau-nés martiens.

En tentant de secourir sa maman, Milo découvrira jusqu'à quel point elle l'aime et à quel point il l'aime. Cela, dans une scène qui est, pour l'auteur du bouquin, le réalisateur et sa femme, Wendy, avec qui il a signé le scénario, ainsi que les producteurs du film, la raison d'être de cette histoire. Ils l'appellent «le sacrifice» (mais, bon, public familial oblige, le drame se résout de positive façon): pour sauver la vie de son enfant, la mère de Milo fait un geste qui va lui être fatal - à moins que...

«Pas de prêchi-prêcha»

«C'est pour cette scène que nous avons voulu faire un film de ce bouquin. Le plus bizarre, c'est que c'est exactement pour cette scène-là que l'éditeur de Berkeley Breathed hésitait à publier le livre», raconte Simon Wells, qui a aussi été attiré par ce personnage de mère «qui n'est pas l'amie de son fils»: «Votre job, en tant que parent, n'est pas d'être le meilleur copain de vos enfants. Vous avez des décisions difficiles à prendre parce que, justement, vous les aimez», explique celui qui a deux filles aujourd'hui âgées de 11 et 13 ans. «Et, oui, Wendy et moi sommes des parents sévères», rigole-t-il.

Bref, connu pour être extrêmement protecteur du matériel qu'il signe, Berkeley Breathed n'a pas eu à s'en faire pour le fameux climax dramatique: c'est avec l'intention de lui rendre justice que les Wells l'ont écrit et pensé. Mais attention: l'idée n'était surtout pas de «faire un film prêchi-prêcha, les enfants détestent qu'on leur fasse la leçon. Le thème est là, en arrière-plan. À l'avant, il y a de l'aventure», souligne le réalisateur qui, au fil des ans, a étudié les différents films réalisés en captation de mouvements et conclu que le travail de certains acteurs passe mieux le test de cette technologie que d'autres.

Les meilleurs: «Ceux qui jouent naturellement «gros» dont le visage est très expressif et qui s'expriment avec tout leur corps.» Souvent, ces acteurs-là consacrent une bonne partie de leur carrière au théâtre. C'est parmi eux que Simon Wells a trouvé la plus grande partie de sa distribution. Avec qui, en bon père de famille, il a dû faire preuve de discipline dans les premiers jours de tournage: la combinaison bleue, les marqueurs sur le visage, le casque pourvu d'antennes sur la tête ne sont pas les meilleurs incitatifs au sérieux...

Les frais de voyage ont été payés par Walt Disney Pictures.