Pour sa 27e présentation, Vues d'Afrique retourne aux sources. En plus de renouer avec son nom d'origine, l'événement revient à la formule du lieu unique. Le festival, qui se tiendra du 29 avril au 8 mai, sera désormais présenté au Gesù.

«On se recentre pour retrouver la convivialité de nos débuts. Comme ça les gens n'auront pas à nous chercher en différents endroits», résume la nouvelle directrice Géraldine Le Chêne, qui vient tout juste de succéder à son père Gérard, cofondateur du festival.

Cent-vingt films issus de trente pays seront au programme: fictions à gros et petit budgets, documentaires, films pour enfants, films musicaux et films sur l'Afrique faits au Canada. C'est Kinshasa symphonie, documentaire sur l'orchestre symphonique du Congo, qui lancera le bal le vendredi 29 et Zombi Damou, un film haïtien tendance vaudou, qui le clôturera le dimanche 8 mai. Entre ces deux soirées - animées par l'humoriste Michel Mpambara - on explorera toute la diversité et la complexité de la réalité africaine. Réalité qui, comme le soulignait hier la programmatrice Sara Mbodje, «ne se limite pas à l'image stéréotypée qu'en renvoient trop souvent les médias».

Parmi les «gros films» à retenir, Africa United raconte l'histoire de trois enfants rwandais qui rêvent d'assister au match d'ouverture de la Coupe du monde à Johannesburg... mais qui se trompent d'autobus et se retrouvent au Congo sans un sou en poche (30 avril 21 h, 7 mai 11 h). Plus contemplatif, Notre étrangère relate le retour d'une jeune métisse à son village d'origine et la quête identitaire qui en découle (5 mai 20 h 30, 7 mai 15 h), alors que thriller Viva Riva!, interdit aux moins de 18 ans, s'impose d'ores et déjà comme le film le plus violent de la sélection (3 mai 20 h 30). Bien que plus modeste, le film ougandais Imani s'annonce pour sa part comme le «must» de la section Africa numérique, réservée aux films faits en vidéo, une industrie actuellement en plein essor dans le cinéma africain.

Côté documentaires, on n'est pas en reste. Du lot, retenons Black Diamond, enquête sur un réseau international de spéculation et de trafic de jeunes africains cautionné par les pontes du football international (5 mai 18 h 15), State of Mind, sur la psychanalyse des traumatisés de la guerre civile en R.D.C. (3 mai 14 h 15), ou l'insouciant Ghetto Millionaires, consacré au phénomène typiquement congolais de la sape, qui consiste à s'habiller le plus chic possible, en dépit de ses moyens limités (1er mai 18 h).

Parlant de moyens limités, la directrice Géraldine Le Chêne n'a pu s'empêcher de dénoncer, hier, les coupes draconiennes qui ont récemment affligé Vues d'Afrique. «Depuis 2006, l'ACDI et le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international ont progressivement réduit leur aide financière de 100 000 $ à zéro», a déploré Mme le Chêne.

Ce considérable «manque à gagner» a laissé ses marques, que ce soit au niveau de la programmation ou du rayonnement international. Belle récompense pour le pionnier des festivals de cinéma ethnique à Montréal, a ironisé la directrice. «On continue parce qu'on y croit. Mais ça n'a pas d'allure. Après 27 ans, il me semble qu'on méritait mieux...»

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Vues d'Afrique, du 29 avril au 8 mai Informations: www.vuesdafrique.org