Trente ans après Dudley Moore, Russell Brand chausse les souliers d'Arthur. Un milliardaire extravagant et alcoolique, qui sera transformé par l'amour. Un conte qui a demandé quelques ajustements pour qu'il ne prenne pas de rides. Rencontres.

«Je suis un acteur tellement minutieux que j'ai fait deux décennies de recherche pour être certain d'être juste à 100%», rigolait Russell Brand qui, dans Arthur de Jason Winer, reprend le rôle créé il y a 30 ans par Dudley Moore.

Arthur qui est riche à milliards et qui traverse la vie dans un brouillard provoqué par l'alcool. Russell Brand a fait de même pendant des années. Cure de désintoxication, mariage avec Katy Perry, il a maintenant les pieds sur terre. Mais pas la langue dans sa poche: l'humoriste britannique, que l'on a vu dans Forgetting Sarah Marshall et revu plus récemment dans Get Him to the Greek, a multiplié les traits d'humour lors d'une conférence de presse tenue à Los Angeles.

Au journaliste qui lui a demandé s'il était vrai que sa partenaire à l'écran, Greta Gerwig, avait eu un coup de foudre pour lui, il a répondu: «Je ne peux rien faire contre ça. C'est quelque chose d'aussi merveilleux qu'inutile, comme un yacht au milieu de l'Idaho.» Et la principale intéressée de rosir joliment. Il faut dire qu'elle avait elle-même mentionné ce «crush» pour Russell Brand: «Je suis vraiment une fan. J'ai vu tout ce qu'il a fait. À l'audition, je me sentais comme une écolière en sa présence.»

Et lui d'ajouter: «On a vu beaucoup d'actrices... mais elle, quand elle est partie, je me suis senti triste.» Jason Winer et lui ont ainsi su qu'ils avaient trouvé leur Naomi, celle dont Arthur tombe amoureux - au risque de perdre sa fortune, car elle n'a pas le profil «approprié» pour se tenir aux côtés du milliardaire.

Parlant d'argent, il était impossible d'éviter le sujet des dépenses extravagantes auxquelles se livre le personnage. Message indélicat en ces temps de crise économique, non, Russell? «C'est une importante question. Mais je vais l'ignorer.» Rires. Avant, bien sûr, d'y aller de la réponse «sérieuse»: «Arthur possède tout ce qu'il désire et pourtant, il se sent seul. Il trouve le bonheur en tombant amoureux, parce qu'il trouve un sens à sa vie.»

Allez, on essuie une petite larme! Avant de recommencer à rire quand il se tourne vers dame Helen Mirren, assise à sa droite, avec qui il a brièvement travaillé sur The Tempest, mais qu'il a vraiment découverte dans Arthur. «Avoue que tu as été impressionné quand tu l'as rencontrée», note Jason Winer. «Bien sûr! Je suis Anglais et, pour moi, elle est The Queen», a lâché Russell Brand en faisant référence au film de Stephen Frears.

À noter que l'une des grandes différences entre le Arthur original et celui-ci est que le maître d'hôtel, Hobson, incarné par John Gielgud à l'époque, est devenu une nounou. Rôle que campe Helen Mirren avec un stoïcisme impeccable. «Je n'ai jamais joué dans une franche comédie et c'est une des raisons qui m'ont attirée vers ce projet.»

Autre différence notable entre le film de Steve Gordon et celui de Jason Winer: «Il fallait voir une résolution au problème d'alcoolisme d'Arthur. C'était particulièrement important pour moi, étant donné mon passé», souligne Russell Brand dans un rare moment de sérieux. Qui n'a pas duré, on s'en doute. Ainsi, au sujet de ses propres extravagances, il a assuré n'en faire aucune: «Je suis un homme simple.» Il le cache bien, c'est tout.

Un remake, encore?

Jason Winer, l'un des réalisateurs de la série Modern Family, fait ses débuts au grand écran avec Arthur. D'un côté, une série innovatrice. De l'autre, un remake. Le sous-entendu (originalité contre sentiers battus) ne le déstabilise pas.

«Vous savez, la raison pour laquelle Hollywood est un endroit aussi frustrant, c'est qu'on y trouve le mélange ultime entre l'art et le commerce, a-t-il dit en entrevue avec La Presse. Les studios sont pleins de gens créatifs qui veulent faire de grandes choses mais qui, pour garder leur poste, doivent d'abord et avant tout faire gagner de l'argent à ceux qui les emploient. Faire des remakes est le moyen de produire des films dont le titre, l'idée et les personnages sont déjà connus, et qui ont le potentiel d'attirer plus de gens. Du point de vue des studios, c'est une option valable et logique.»

De son point de vue à lui? Même chose, mais pour une autre raison. «Cela permet parfois de rassurer les studios et, ainsi, de pouvoir réaliser un genre de films qui ne se fait plus aujourd'hui. Arthur, par exemple, n'est pas qu'une simple comédie, c'est une comédie irrévérencieuse, qui comporte aussi son lot de romance et de drame.»

Outre le fait qu'il soit un fan du film original, c'est ce qui l'a amené à ce projet. Auquel il trouve d'ailleurs des similarités avec Modern Family - «des personnages hilarants et bizarres mais très humains, un mélange de grosse comédie et de moments d'émotion». Bref, pas question pour lui de tourner le dos au petit écran - il est d'ailleurs en train d'écrire un pilote pour le réseau ABC - ni au grand: «Je veux faire des allers-retours entre les deux, être le J.J. Abrams de la comédie!»

Arthur prend l'affiche le 8 avril. Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros.