On sentait indéniablement un petit frémissement lors de la sortie des Amours imaginaires en France l'automne dernier: dans le rôle du bel indifférent - sorte de réincarnation du blond Tadzio de Mort à Venise -, Niels Schneider ne passait pas inaperçu. Lors de la semaine du cinéma québécois aux Halles, à la fin de l'année, il nous laissait entendre qu'il avait plusieurs projets français en cours.

Cette fois, c'est fait: un important projet lui est passé sous le nez in extremis, mais trois films se sont rajoutés. Comme par magie, tout s'est concrétisé à peu près en même temps, c'est-à-dire dans les 10 derniers jours. Résultat: avec deux séries télévisées haut de gamme et trois longs métrages de cinéma dont il est chaque fois la vedette, Niels Schneider a un agenda «de dingue» jusqu'en mars 2012.

Comme il le dit lui-même, «c'est de la folie». Plus exactement: «C'est comme si deux époques différentes de ma vie se télescopaient en deux semaines.» D'un côté, un jeune comédien à peine connu qui croule sous les propositions. De l'autre, un jeune inconnu tout court... qui, en allant voir son oncle en banlieue parisienne il y a trois jours, s'est fait sérieusement agresser et tabasser dans le métro régional (RER) par une bande de jeunes qui s'intéressaient à son iPhone. «D'un côté, je pensais à ces contrats fabuleux, de l'autre, j'ai eu la peur de ma vie», constate-t-il. Il est cependant probable que, désormais, il n'aura plus besoin de voyager en RER.

Pour le reste, tout est allé si vite qu'il a du mal à récapituler ce qui lui arrive. Essayons tout de même. Dans quelques jours - le 8 avril -, il entreprend pour cinq semaines le tournage pour France 2 (télé) d'une adaptation française de la série Skins. Six téléfilms d'une heure dans lesquels six personnages sont tour à tour le héros d'un épisode. Comme par hasard, Niels sera la vedette du premier, et participera aux cinq autres. Une minisérie produite par le producteur du film Un prophète.

Les 13 et 14 mai, il sera à Cannes pour un événement «spécial» où l'on fera «une annonce importante». De quoi s'agit-il? Secret d'État.

La Réunion

Le 15 mai, il s'envole pour la Réunion, où il jouera le premier rôle dans un film de Stéphane Aghion (Le libertin, Absolument fabuleux). Ses partenaires seront Dominique Blanc, Claude Brasseur et Fanny Ardant. Rien de moins. «C'est un très beau scénario, qui se passe en 1915 sur fond de régime colonial, dit-il. Je suis un jeune fils de famille aristo qui rentre à la Réunion et découvre que son père est un salaud et un exploiteur. Tourner avec de tels comédiens, c'est un rêve! Et pour moi, Dominique Blanc est l'une des grandes actrices actuelles, avec Isabelle Huppert.» Tournage jusqu'à la fin du mois de juin.

Pour le mois de juillet, il y avait un autre film en discussion: «Je crois que ça ne se fera pas, et c'est mieux comme ça: je pourrai prendre un mois de vacances à Montréal.»

Portugal

En effet, cela vaut mieux. Car, le 1er août, il s'envole au Portugal pour six mois de tournage. Il s'agit d'un mégaprojet de la chaîne culturelle Arte: une adaptation en 12 épisodes d'une heure de L'odyssée d'Homère, mais du point de vue de ceux qui sont restés au pays et attendent le retour d'Ulysse. Il y a le personnage de Pénélope. Mais aussi et surtout celui de son fils, Télémaque, incarné par Niels Schneider. Coproduction à dominante française, avec l'Allemagne et le Portugal. «Une version crue de la vie à cette époque, dit l'acteur, une histoire de sang et de violence.»

Dieu merci, le tournage de L'odyssée s'interrompt en novembre pour se terminer en décembre et janvier. Car notre héros a signé un contrat avec le jeune réalisateur Étienne Faure pour son troisième long métrage, Désordres. «Il était tombé par hasard sur ma photo chez mon agent, dit Schneider, et il m'a contacté, mais pour un second rôle, qui ne m'intéressait pas vraiment. Mais je lui ai dit que son scénario était formidable, que j'avais adoré son court métrage avec Guillaume Depardieu. Le premier rôle avait déjà été attribué. Mais Faure a quand même voulu me faire faire un essai. Et puis j'ai eu le rôle: celui d'un jeune serial killer, d'un pervers dans le genre Funny Games de Haneke...»

Italie

La liste s'arrêtait là dimanche soir. Douze heures plus tard, on a appris qu'un nouvel épisode du conte de fées venait d'être bouclé. Niels attendait une réponse imminente. Elle est arrivée lundi dans la matinée. Il vient de décrocher le premier rôle dans un film, le premier long métrage de la célèbre scénariste Aude Py (Tiresia, Joyeux Noël). Une coproduction franco-italienne qui sera pour l'essentiel tournée en Italie: «En fait, dit notre homme, je termine L'odyssée le 31 janvier, et j'entreprends le tournage des Ombres rouges à peu près le lendemain. Jusqu'au 15 mars.»

Niels Schneider est né en France, et il est arrivé à Montréal avec ses parents à l'âge de 8 ans. Un Franco-Canadien, donc, et qui parle spontanément les «deux langues», si l'on peut dire. Ce qui facilite les choses. «Évidemment, ça se bouscule de façon incroyable en France pour moi, dit-il, mais ce n'est pas pour ça que j'oublie le Québec. Je suis en communication tous les jours avec mes copains. Et je sais qu'il y a plusieurs grands réalisateurs québécois avec qui je voudrais tourner. Je n'oublie pas non plus que c'est grâce à Xavier et aux Amours imaginaires qu'il m'arrive aujourd'hui ces choses justement inimaginables...»