The High Cost of Living (Le prix à payer en version française) est un film bilingue où Montréal se trouve au coeur de l'intrigue. Rehaussé par la présence de l'acteur américain Zach Braff, le drame raconte l'histoire tragique d'une femme, jouée par Isabelle Blais, qui perd son bébé à 34 semaines de grossesse.

Pour un premier long métrage bilingue, tourné dans le froid de février avec un petit budget de 1,9 million de dollars, la réalisatrice Deborah Chow n'aurait pu avoir meilleur scénario: elle a travaillé avec Isabelle Blais et l'acteur américain Zach Braff, connu pour son rôle dans la télésérie Scrubs et pour son film Garden State.

«J'ai vu Isabelle dans le film Borderline, et c'était elle que je voulais», explique la réalisatrice, Montréalaise d'adoption née à Toronto de parents australiens d'origine asiatique.

Quant à Zach Braff, il a reçu une copie du scénario à Los Angeles, après qu'Heidi Levitt, productrice et directrice du casting américain, fut entrée en contact avec son agente. «Je voulais faire quelque chose de différent de Scrubs et j'ai simplement aimé le scénario, explique Braff. Mais c'était intimidant de me plonger dans un tel rôle: le gars est pris avec ce qu'il a fait.»

Personne ne voudrait être dans la peau d'Henry, bum malgré lui qui a quitté New York pour s'installer à Montréal, où il vend de la drogue et des médicaments. Un soir, passablement éméché, il fonce en sens inverse en voiture dans la rue des Érables, percutant Nathalie (le personnage d'Isabelle Blais). Enceinte de 34 semaines, elle perd son bébé. Rongé par les remords, Henry recroisera volontairement le chemin de sa victime pour lui venir en aide dans son immense chagrin.

«À un certain moment du film, il en vient à penser moins à lui et à ne souhaiter que son bonheur à elle», explique l'acteur.

Isabelle Blais a accepté le rôle de Nathalie presque deux ans avant le début du tournage. «J'ai eu un coup de coeur, raconte-t-elle. Je trouvais le rôle fantastique à défendre. Le sujet était bien amené, avec beaucoup de non-dits et de sensibilité. La relation entre les deux personnages évolue tout en subtilité.»

Montréal, personnage du film

Deborah Chow a écrit les premières lignes du scénario il y a environ cinq ans. «J'avais deux choses majeures en tête: la ville de Montréal et le personnage de la femme enceinte, explique-t-elle. Je voulais que tous les personnages portent en eux la dimension du titre du film, le prix à payer. Il y a des choses qui arrivent dans la vie auxquelles on ne s'attend pas et qu'on doit accepter.»

Montréal, son multiculturalisme et son bilinguisme sont un personnage du film, du boulevard Saint-Laurent, dans le quartier chinois, à la Buvette chez Simone, dans le Mile End. «Pour moi, ce n'est pas un political statement, souligne Deborah Chow, qui est anglophone. C'est simplement là où je vis. Je ne comprends pas comment on peut faire un film entièrement en anglais à Montréal. Surtout que le personnage de Zach est un étranger dans la culture dominante.»

«J'aime le fait que Montréal soit un personnage et l'aspect francophone du film», dit Zach Braff, qui, comme beaucoup d'acteurs américains en ville, a craqué pour les sandwichs d'Olive & Gourmando.

«C'était bien de travailler en anglais sans avoir à cacher notre accent. D'habitude, il faut passer pour des Américains», souligne Isabelle Blais. Le mari de son personnage - un être impassible et égoïste - est interprété par Patrick Labbé. «Il jouait le bad guy, mais, comme il est super attirant, on comprend pourquoi Nathalie est tombée amoureuse de lui», explique Deborah Chow.

Quartier chinois

La réalisatrice a tourné The High Cost of Living avec un grand souci de réalisme. Le quartier chinois est ce qu'il est dans tout son charme imparfait, alors que le personnage d'Isabelle ne prend pas sa douche pendant plusieurs jours, incapable de voir son ventre toujours arrondi (elle tarde avant d'accoucher de son foetus mort). «Je voulais que ce soit cru, que l'on sente que c'est vrai», dit Deborah Chow.

Le film n'a pas eu le soutien de la SODEC et son montage financier a été tout un casse-tête pour les productrices Susan Schneir et Kimberley Berlin de la boîte montréalaise Suki Films, qui ont eu un coup de pouce supplémentaire de Téléfilm Canada.

L'équipe avait à peine 20 jours de tournage. En plein hiver, avec beaucoup de scènes extérieures, n'était-ce pas casse-gueule? «Il n'y a eu aucun pépin. Sinon, nous étions foutus!» lance Deborah Chow.

Isabelle Blais et Zach Braff ont à peine eu le temps de faire connaissance avant le début du tournage. «Les personnages sont des étrangers, donc ça marchait», souligne Zach Braff, dont le premier texte de pièce de théâtre, All New People, sera monté dès juin à Broadway.

Isabelle Blais a aimé partager un plateau avec l'acteur américain, qui n'avait pas la «grosse tête». «Il était terre à terre et drôle. Mais il vient d'un autre monde. Il ne comprenait pas qu'il fallait se changer sur le plateau ou attendre que l'autobus passe pour tourner.»

The High Cost of Living sort en salle vendredi prochain. Il aura également droit à une distribution américaine à New York et à Los Angeles.