Après un 15e festival passé dans la colère, Festivalissimo a retrouvé le sourire. Le plus vieux des festivals de cinéma latino dévoilait hier sa nouvelle programmation, qui sera présentée du 18 mai au 5 juin prochain. 

Sur la trentaine de films annoncés, on compte 15 premières canadiennes et cinq premières nord-américaines, dont La Vida de los Pesces, représentant du Chili aux derniers Oscars, qui ouvrira le bal, le mercredi 18 mai au Cinéma Impérial. C'est ce qu'on peut appeler un retour en forme.

Rappelons que l'apparition d'un festival concurrent, à savoir le FCLM (Festival de cinéma latino-américain de Montréal), avait brassé pas mal de bouette l'an dernier. Mais la fondatrice de Festivalissimo, Elisa Pierna, semble avoir enterré la hache de guerre. «C'était difficile l'an dernier à cause de toute la confusion (entre les deux événements). Les distributeurs ne savaient plus à qui donner leurs films. Maintenant, c'est clair», a expliqué Mme Pierna hier en conférence de presse.

Ce qui est clair, c'est que cette 16e présentation confirme encore une fois la vitalité du cinéma d'Amérique latine, quel que soit le pays. Entre autres films au menu, on soulignera Post Mortem, du Chili (l'histoire du médecin légiste qui a autopsié le corps d'Allende après le coup d'État de 1973), Los Colores de la Montana et Pequenas Voces, de Colombie (tous deux sur la guerre civile, vue par les enfants), le western mexicain Chicogrande (sur Pancho Villa et la révolution) ou encore la Mirada Invisible, portrait glauque et impitoyable des années de dictature en Argentine. Autre film argentin à surveiller de près: l'intrigant Los Labios - portant sur trois travailleuses sociales en mission rurale - aurait été cité par Denis Villeneuve comme le meilleur long métrage de 2010.

Signalons, enfin, l'improbable présence de films du Paraguay (Novena), de République dominicaine (Jean Gentil) du Guatemala (Distancia) et même de l'Uruguay (La Vida Util, film de clôture), des pays peu réputés pour leur industrie du cinéma, ainsi que le volet musique et danse du festival, qui sera présenté gratuitement le midi, Place Alexis-Nihon ainsi que le dernier week-end au parc Cabot de la rue Atwater.

Se positionnant désormais comme le pionnier de sa catégorie à Montréal, Festivalissimo revient donc à son mandat initial, qui est de diffuser le cinéma d'auteur hispanophone afin de combler un vide. «Nous étions les premiers quand il n'y avait rien et maintenant il y en a d'autres. Pourquoi pas?», a lancé la directrice dans un élan de sagesse et de réconciliation.

Avec un troisième festival de films latino qui s'annonce pour l'automne (Latinordico Film Festival), la question mérite en effet d'être posée. On y reviendra.

Glorieuses Magloire

Ce soir, le festival Vues d'Afrique rend hommage aux soeurs Laurence et Rachèle Magloire. Les deux Haïtiennes, qui ont passé une grande partie de leur vie à Montréal, sont retournées vivre en Haïti pour faire du cinéma et changer le monde. Laurence Magloire a notamment réalisé Des hommes et des dieux, un documentaire au sujet doublement tabou (l'homosexualité et le vaudou) en plus de mettre sur pied le projet Sinema Amba Zetwal, qui permet aux Haïtiens de voir des films en plein air, dans des régions où certains n'ont même pas la télé. Rachèle achève présentement un documentaire sur les délinquants de la diaspora, qui sont renvoyés manu militari dans un pays qu'ils ne connaissent pas et qui ne les reconnaît pas. En plus de montrer leur travail, on leur remettra le prix CIRTEF (Conseil international des radios et télévisions d'expression française), pour services rendus à l'humanité. C'est à 18 h 25 au Gesù. Vues d'Afrique se poursuit jusqu'au 8 mai.