En annonçant la sélection officielle du 64e Festival de Cannes, le délégué général Thierry Frémaux était déjà enthousiaste. Non seulement a-t-il eu l'embarras du choix pour composer sa programmation (ce n'était pas le cas l'an dernier), mais les effets de la crise économique, ressentis là comme ailleurs, semblent maintenant vouloir se résorber.

«On sent des élans de reprise cette année, a indiqué le délégué général lors d'une conférence de presse tenue à Paris. Cela se voit à la bonne santé du Marché du film, à la présence accrue des professionnels et des médias, de même qu'au taux d'occupation anticipé dans les hôtels. Sur le plan de la production, la reprise a plutôt lieu en ce moment. C'est dire que le festival en témoignera pleinement l'an prochain.»

Le plus grand pari auquel fait face le sélectionneur est de construire une programmation alléchante pour le plus exigeant des cinéphiles, tout en assurant au Festival la présence de vedettes dignes du plus prestigieux tapis rouge de la planète cinéma.

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«Il est important de continuer à défendre le cinéma de création, de poursuivre Frémaux. La sélection officielle se fait le plus possible l'écho de ceux qui tentent d'inventer et de réinventer le cinéma. Un endroit où le Septième art ne se réduit pas qu'au marketing et au nombre de billets vendus.»

Le délégué général a ainsi évoqué une sélection qui allie la «prospection» et le retour de «ceux que vous, les médias, appelez les «abonnés», un terme que nous allons finir par déposer!

«Ce sont souvent les plus grands cinéastes qui font les meilleurs films, a-t-il poursuivi. Et c'est la tradition de Cannes d'accompagner leur oeuvre. Le Festival l'a toujours fait, de Tarkovski à Fellini.»

20 films pour une Palme

Entre Midnight in Paris de Woody Allen, qui ouvrira hors-concours le Festival mercredi, et Les bien-aimés de Christophe Honoré, qui le clôturera le 22 mai, pas plus d'une centaine de longs métrages seront présentés, toutes sections confondues. Seulement 20 d'entre eux sont en lice pour la Palme d'or, décernée par un jury présidé cette année par Robert DeNiro.

Trois anciens lauréats reprennent le chemin de la compétition cette année. Luc et Jean-Pierre Dardenne (Rosetta, L'enfant) présentent Le gamin au vélo (avec Jérémie Rénier et Cécile de France); Nanni Moretti (La chambre du fils) s'immisce dans la vie d'un nouveau pape rongé par le doute avec Habemus Papam (Michel Piccoli incarne le chef de l'Église); et Lars von Trier (Dancer in the Dark) s'amène avec Melancholia, mélodrame aux relents fantastiques dont les têtes d'affiche sont Charlotte Gainsbourg et Kirsten Dunst.

Des retrouvailles

Bien des cinéastes ayant déjà figuré au palmarès sans obtenir le titre suprême se pointent aussi à la ligne de départ, à commencer par Pedro Almodovar. Le célèbre cinéaste espagnol se serait laissé convaincre à la toute dernière minute de consentir à lancer sur la Croisette et en compétition par-dessus le marché La peau que j'habite, une adaptation du roman de Thierry Jonquet Mygale. Ce film marque en outre les retrouvailles d'Antonio Banderas avec le metteur en scène qui l'a mis au monde.