Le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof, dont le dernier film Au revoir est présenté au festival de Cannes, a été autorisé à voyager à l’étranger par les autorités de Téhéran, qui l’avaient assigné à résidence pour propagande hostile, a annoncé mardi son avocat.


Le cinéaste de 37 ans avait été condamné à six ans de prison en décembre, en même temps que son compatriote Jafar Panahi (50 ans), pour un film dont la seule perspective a hérissé les autorités.


La justice iranienne lui avait également interdit de produire des films pendant un délai de 20 ans.


Ayant fait appel, les deux hommes avaient été remis en liberté conditionnelle avec l’interdiction de quitter le territoire iranien.


Son avocat Iman Mirza-Zadeh a déclaré à l’agence de presse Isna qu’il a reçu lundi la confirmation officielle que l’interdiction de voyager du réalisateur avait été levée.


«Heureusement (...), les autorités culturelles et officielles ont décidé de lever les obstacles l’empêchant de voyager hors du pays et de participer au festival de Cannes», a dit Me Mirza-Zadeh.


L’avocat a toutefois ajouté qu’il n’était «pas sûr» que M. Rasoulof se rende sur la Croisette car son film a déjà été présenté.


Dans Au Revoir, M. Rasoulof suit une jeune avocate de Téhéran en quête d’un visa lui permettant de quitter le pays. L’occasion pour lui de raconter la société urbaine contemporaine, le quotidien des femmes aussi, le sentiment d’oppression et d’enfermement.


Si le tournage du dernier film de Mohammad Rasoulof n’a pas été interdit par les autorités, puisqu’une bonne partie des scènes se passent en extérieur dans la capitale, son acheminement en Europe avait été des plus risqués.


«Le film est arrivé d’Iran à Bruxelles dans les bagages d’une personne qui a eu la chance de ne pas être fouillée. On a eu très peu de temps pour effectuer le sous-titrage», racontait récemment à l’AFP le distributeur du long métrage, James Velaise.


Une copie DVD avait été montrée à Thierry Frémaux, le directeur délégué du festival, qui l’a retenu en sélection officielle dans la section Un Certain Regard et l’a annoncé l’avant-veille du Festival.


La République islamique a accusé le festival de Cannes d’avoir une orientation politique en projetant des films favorables à l’opposition iranienne.


Jafar Panahi a pour sa part été reconnu coupable de «propagande contre le système» pour avoir réalisé un film sur les violences qui ont suivi la réélection à la présidence de Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009.


Dans sa dernière réalisation présentée à Cannes, In Film Nist (This is not a film), il se met lui-même en scène, filmant une journée pendant laquelle il attend le verdict de la cour d’appel. Retenu dans la sélection officielle du festival, le long métrage doit être projeté le 20 mai.


L’avocat de M. Rasoulof a indiqué en revanche ne pas avoir été informé d’un quelconque développement à propos de son interdiction de voyager.


M. Panahi avait été invité à siéger sur les jury des festivals de Berlin en février, de Venise en septembre, et Cannes il y a un an. Un fauteuil vide symbolisait à chaque fois son interdiction de voyager.