Parmi les obstacles qu'affronte Jack Sparrow au cours de son voyage vers la fontaine de Jouvence dans Pirates of the Caribbean - On Stranger Tides, des femmes-poissons. Rencontre avec Astrid Bergès-Frisbey, l'autre sirène de Disney.

Elle est à ce point charmante, Astrid Bergès-Frisbey, qu'elle vous séduit en un rien de temps. À la manière d'une sirène... et c'est peut-être ce qui, au premier abord, a ensorcelé les artisans du quatrième volet de Pirates of the Caribbean - On Stanger Tides qu'a réalisé Rob Marshall. Mais au sourire, à la voix et à la douceur des manières s'ajoute aussi le talent. Il le fallait, la femme-poisson qu'elle incarne dans cette nouvelle aventure du capitaine Jack Sparrow n'étant qu'une lointaine cousine de la petite sirène d'Andersen (en particulier quand revue par Disney).

«Avec Syrena et ses compagnes, on retourne à quelque chose de plus ancien, plus proche de L'odyssée. C'était fascinant à jouer», a fait remarquer l'actrice de 25 ans qui rayonnait de bonheur lorsque La Presse l'a rencontrée. «Je ne parviens pas encore à réaliser ce qui m'arrive. C'est un peu surréaliste», a confié celle qui vient de recevoir, au Festival de Cannes, le trophée Chopard 2011 du meilleur espoir féminin - le pendant masculin est allé à Niels Schneider - et qui partage donc l'affiche d'un film à succès américain avec Johnny Depp et Penélope Cruz.

Un arbre généalogique complexe...

Il y a quelques mois, Astrid Bergès-Frisbey parlait tout juste anglais. Même si sa mère est d'origine américaine. Mais l'arbre généalogique de la jeune femme est... disons, complexe: «Je suis née à Barcelone d'un père catalan et d'une mère franco-américaine - qui a toujours vécu en France», résume-t-elle.

Elle a grandi en Catalogne puis en Charente-Maritime. Parle donc catalan, espagnol et français. À 17 ans, elle est montée à Paris pour étudier. Pas pour être actrice. Elle avait ce désir, loin en elle, mais «pour moi, ce n'était pas un métier, ce n'était pas concret». Le destin en a décidé autrement: «Dix-sept ans, c'est aussi à cet âge que j'ai perdu mon père. Ça m'a fait comprendre tellement de choses sur la vie, ça m'a permis d'écouter mon coeur. Et mon coeur me disait qu'il fallait que je devienne comédienne.»

À partir de là, peut-être à cause des nombreuses années où elle s'était dit non, Astrid Bergès-Frisbey a mordu dans le métier. «J'avais l'impression que rien ne pouvait m'arrêter.» Les portes se sont ouvertes. Oui, il y avait le charme, le sourire, la voix, la douceur des manières. Il y avait, par-dessus tout, le talent.

Elle a ainsi décroché un rôle dans une télésérie et, peu après, s'est retrouvée au grand écran, aux côtés d'Isabelle Huppert et de Garpard Ulliel dans Un barrage contre le Pacifique de Rithy Panh - rôle qui lui a valu une nomination aux Césars, en 2010. La même année, elle a joué dans Equus au Théâtre Marigny et obtenu le rôle-titre dans La fille du puisetier, premier long métrage réalisé par Daniel Auteuil, dont le tournage s'est terminé deux jours avant le début de celui d'On Stranger Tides.

«J'ai eu beaucoup de chance, mais j'ai aussi travaillé très dur», assure celle qui se dit très heureuse d'avoir «commencé des choses en Espagne, aussi». Et aux États-Unis également, donc.

Choix rapide

Tout a commencé par un appel de son agent: la directrice de distribution du nouveau Pirates of the Caribbean responsable de l'Europe voulait la voir en audition à Paris. Deux jours plus tard, c'était chose faite. Quatre jours plus tard, elle rencontrait Rob Marshall à Los Angeles. Nouvelle audition. «J'espérais simplement ne pas me couvrir de ridicule, me sentir aussi professionnelle que je le suis en français ou en espagnol.» Il semble qu'elle l'ait été: la dernière audition qu'elle a passée, à Londres cette fois, n'était pas vraiment une audition - elle avait le rôle. Elle était là pour tester la chimie avec quelques jeunes acteurs britanniques pour pourraient incarner son vis-à-vis à l'écran.

Sam Claflin a remporté la palme... et le coeur de la sirène, puisque Syrena et Philip forment le nouveau «jeune couple» de Pirates of the Caribbean (Orlando Bloom et Keira Knightley n'étant plus de la partie). Un couple inusité, puisque formé d'un missionnaire et d'une femme-poisson. «Or, pour Syrena et les autres sirènes, l'humain est l'ennemi. Les hommes les utilisent, sont cruels envers elles. Elles doivent se protéger.» Pour cela, elles chantent, ensorcellent, noient. «J'ai aimé créer ce personnage qui est en partie animal, qui se meut davantage comme un poisson que comme une nageuse athlétique. C'était le défi, pour moi. Ça... et l'anglais.»

Elle a relevé les deux.
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Pirates of the Caribbean - On Stranger Tides (Pirates des Caraïbes - La fontaine de Jouvence) prend l'affiche demain.
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Les frais de voyage ont été payés par Walt Disney Pictures.