À l'origine, Gerry devait être une télésérie de six heures réalisée par André Melançon et diffusée à TVA. Mais quand le financement -1,1 million pour chaque épisode- a capoté, Christian Larouche a décidé de porter l'histoire à l'écran. Le grand. Il fallait juste trouver un scénariste, un réalisateur et 6 millions de dollars. Et soumettre le tout aux ayants droit dont la principale, Françoise Faraldo, veuve de Gérald Boulet et gardienne des sceaux.

«Depuis le début du processus, j'avais soumis les noms à Françoise», nous racontait M. Larouche lundi à la journée de presse de Gerry, au légendaire Bistro à Jojo de la rue St-Denis. «Je savais qu'il s'était passé des choses entre elles et quand je suis arrivé avec le nom de Nathalie Petrowski comme scénariste, elle a fait oupsss...»

Des choses, oui... «Françoise Faraldo m'a déjà dit: «Toi, je vais te casser la gueule!»», explique Nathalie Petrowski. Sans entrer dans les détails historiques, elle confirme que ça partait de loin mais les dames se sont rencontrées et Mme Faraldo -Gerry l'appelait «la Française»- a donné son imprimatur. Nathalie Petrowski, selon l'expression du producteur, allait «conjuguer le vrai et le faux».

Elle avait déjà écrit un scénario de film: le sien propre, tiré de son livre Maman Last Call, produit par le même Christian Larouche en 2005. Pas besoin d'une grosse recherche ici non plus...

«La recherche, c'est Mario Roy qui l'a faite», dit-elle à propos de la biographie Gerry Boulet - Avant de m'en aller, publiée en 1991 par le regretté Ara Kermoyan chez Art Global qui prépare une nouvelle édition. Conjuguer... «Il fallait choisir des jalons historiques de la vie privée et de la vie publique de ce gars qui n'a jamais lâché et donner à tout ça une forme dramatique. On ne pouvait pas mettre tout le monde...», avoue Nathalie Petrowski.

Alain DesRochers

Alain DesRochers, de son côté, avait dit non deux fois à Christian Larouche avant d'embarquer: le réalisateur des Bougon trouvait qu'il était trop tôt. Quand, finalement, il a accepté de tourner sa première biographie, il savait qu'il devait en répondre devant les vivants. «J'avais peur à mort, mais après la première à Saint-Jean, 95% des personnes m'ont dit qu'on avait bien recréé les événements», soutient le cinéaste. L'autre 5% s'appelle Pierre Harel et il a ouvert les vannes, cette semaine chez Paul Arcand au 98,5 FM: «personne ne se ressemble dans ce film-là», «ça s'est pas passé de même pantoute», «Gerry s'est tassé quand je suis arrivé» ...

«On a fait un film, pas un documentaire, lance Alain DesRochers. Pierre Harel était dans une chambre d'hôtel à Rouyn quand il a eu le flash du show à l'Oratoire. Nous, on a placé cet événement déterminant dans un party psychédélique à Montréal parce que ça servait mieux le film.»

DesRochers n'a pas eu le temps de penser à ce qui aurait pu être mais il est content de ce qui a été: Mario Saint-Amand, dira-t-il, «mourait même entre les scènes»: personne n'avait jamais vu rien de tel. Quant au show du Forum, l'empressement des figurants peut donner une indication du box office à venir. «On tournait à l'aréna Maurice-Richard avec 150 figurants, ce qui fait une seule rangée de spectateurs devant la scène. Un moment donné, quelqu'un a dit qu'il pleuvait et qu'il faudrait faire entrer les autres. On s'est retrouvé avec 3000 figurants. Habillés comme à l'époque!»

Gerry sort mercredi dans 125 salles du Québec, du Nouveau-Brunswick et de l'Ontario.

À lire également: Du rock et des hommes