MICHEL CÔTÉ
Trouver son clown

«Émile m’aurait proposé n’importe quoi, j’aurais répondu oui! , indique Michel Côté quand on lui demande de raconter la toute première fois où il a entendu parler du Sens de l’humour. Émile est un homme intelligent, à qui je fais totalement confiance. J’aurais été franchement bien malpoli de lui tourner le dos après un succès comme De père en flic! Mais je ne cacherai pas avoir fait le saut en lisant le scénario. Je ne m’attendais pas du tout à ça.
Émile aurait pu aller vers quelque chose de beaucoup plus sécurisant et il a choisi de prendre des risques. C’est tout à son honneur. Quand même, il a fallu «jaser» un peu de l’aspect tueur en série du personnage. Il y avait là tout un dosage à trouver. Ce fut d’ailleurs l’un des rôles comiques les plus difficiles de ma carrière.»

Michel Côté est aussi bien conscient du fait que ce personnage de timide chronique, mal dans sa peau et souffre-douleur de quelques collègues de travail, pouvait d’emblée ramener dans l’esprit des gens l’un des autres personnages-clés de sa carrière.

«Il est évident qu’au départ, on peut penser au Ver de terre de Cruising Bar, explique celui qui voit aujourd’hui en Cruising Bar 2 un maillon plus faible dans la chaîne de ses succès. Il n’y a pas 12 façons différentes de jouer ce genre de personnage. D’autant plus que c’est moi qui lui prête ses traits. Heureusement, le personnage de Roger Gendron évolue rapidement vers quelque chose qui ne pourrait pas être dans la nature du Ver de terre. Sur le plan de l’écriture et de la mise en scène, Émile a fait de la joaillerie. À mon avis, Le sens de l’humour est son film le plus achevé.»

Tournant ces jours-ci Le projet Omerta, l’épisode cinématographique de la célèbre série télévisée, Michel Côté est aujourd’hui tenaillé par un trac qu’il n’attendait pas.

«Quand j’ai commencé, j’étais convaincu qu’après 20 ou 25 ans de carrière, le trac serait beaucoup plus facile à gérer. Or, c’est le contraire. Parce que je ne veux pas décevoir. Jusqu’ici, tout va bien. Mais j’ai toujours l’impression que l’élastique va me péter dans la face à un moment donné. C’est pourquoi je suis exigeant. Dans Le sens de l’humour, je suis davantage un faire-valoir pour Benoît et Louis-José et c’est bien correct comme ça.»

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«Le sens de l'humour, d'Émile Gaudreault: le goût du risque»

LOUIS-JOSÉ HOUDE
Enseigner le clown


«Quand ils nous rencontrent, les gens nous demandent souvent comment on fait. Je suis heureux que le film s’attarde à montrer ça!», commente Louis-José Houde. Luc, l’humoriste qu’il incarne dans Le sens de l’humour, en est pourtant un de seconde zone. Ses gags «incisifs» tombent généralement à plat. C’est dire que le personnage ne partage pas grand-chose avec le vrai personnage de scène du populaire humoriste. «J’ai aussi été surpris par l’avenue qu’a empruntée Émile, ajoute-t-il. J’ai aimé le mélange des genres. Que le récit soit campé dans le milieu de l’humour me plaisait beaucoup aussi.»

Ravi de donner la réplique à deux de ses idoles, interprètes de ses deux personnages favoris de La petite vie (Momo et Jean-Lou), Louis-José Houde voit le cinéma comme une «maîtresse». «Mon intérêt principal reste la scène, mais le cinéma me fascine. J’y suis arrivé complètement par hasard, à la faveur de rôles qu’on m’a offerts, souvent à ma grande surprise. Ça me demande beaucoup d’efforts, mais je ne ressens pas la même pression que pour un show. Donc, c’est super le fun!»

Il reconnaît avoir vécu certaines difficultés sur le tournage du Sens de l’humour. «Quand tu es enchaîné, enfermé dans une cage, et que tu te rends compte que deux accessoiristes ont le contrôle total sur ta vie, mettons que c’est un peu tough

BENOÎT BRIÈRE
Quoi faire avec un clown


Dans le rôle de Marco, spécialiste des «jokes de mononcle» appréciées du public fréquentant les clubs dans lesquels les deux humoristes se produisent, Benoît Brière fait flèche de tout bois. C’est d’ailleurs Marco qui suggère à son ravisseur de «trouver son clown intérieur» afin de mieux prendre sa place dans la vie.

«Un bonheur de tous les instants, dit le principal intéressé. D’autant plus que j’adore faire du cinéma, même si je n’ai malheureusement pas beaucoup l’occasion de tourner.» Très pris par le théâtre (il joue présentement dans La cage aux folles et s’apprête à reprendre à l’automne Le boss est mort), l’acteur a d’ailleurs dû renoncer à regret au rôle qu’on lui a offert dans l’adaptation anglophone de La grande séduction que tournera bientôt Ken Scott. Conflit d’horaires.
Quoi qu’il en soit, Benoît Brière a profité à plein du Sens de l’humour, son premier film depuis La grande séduction de Jean-François Pouliot.

«Ça m’a d’abord permis de retrouver Émile, qui avait écrit le scénario de Louis 19, et aussi de rencontrer Louis-José, que j’adore. D’ailleurs, quand on m’a demandé d’auditionner, on m’a remis le scénario du film en entier, ce qui est rare. De savoir que des gens comme Émile Gaudreault, Benoît Pelletier, Louis-José Houde et Michel Côté sont déjà associés à un projet, disons que ça te donne envie. Et puis, j’ai pu réaliser une sorte de rêve de ti-cul en jouant avec Michel Côté, un être exceptionnel en tout. Je rêvais de cette rencontre depuis toujours et je crois qu’elle n’aurait jamais pu être possible au théâtre. À cause de Broue…»