Il a beau avoir l'Asie dans son appellation et le regard porté vers le cinéma de genre de partout dans le monde, le festival Fantasia, qui démarre aujourd'hui, travaille fort pour mettre en valeur le talent québécois d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Jusque dans l'affiche qui, troquant les hommes de l'espace ou les kaiju (les monstres géants comme le célèbre Godzilla), illustre cette fois une légende bien de chez nous, celle du cheval noir.

On connaît mal l'origine de la légende... Elle pourrait avoir vu le jour dans la région de Trois-Pistoles, ou à Saint-Augustin, près de Québec. On l'associe à la construction de certaines églises - à l'île d'Orléans, entre autres -, puisque ce serait le Diable en personne qui, prenant la forme d'un cheval noir, aurait été sommé par un curé d'aider à construire l'église... à moins qu'un malheureux ne lui enlève sa bride (au cheval, pas au curé).

C'est donc cette bête fantastique québécoise qu'on voit, toutes ailes déployées, sur la superbe affiche du festival peinte par le Montréalais Donald Caron. Il devient également trophée et donne désormais son nom au prix Cheval noir du meilleur film. En conférence de presse, les programmateurs l'ont répété: ce 15e festival se redécouvre une québécitude.

Les réalisateurs québécois ont peu fréquenté le cinéma de genre? Comptez sur Marc «DJ XL5» Lamothe pour déterrer quelques perles de notre cinématographie, avec la collaboration de la Cinémathèque québécoise. La série Culte et Insolites présentera notamment Panique de Jean-Claude Lord (1977, avec Paule Baillargeon, Jean Coutu, Raymond Lévesque), thriller catastrophe abordant la pollution de l'eau potable, un sujet criant d'actualité, estime XL5, alors que l'exploration pour le gaz de schiste fait les manchettes. Autre film de genre québécois oublié à l'affiche: le fascinant Mustang de Marcel Lefebvre et Yves Gélinas (1975), suspense se déroulant au Festival western de Saint-Tite et mettant en vedette Willie Lamothe, Nanette Workman, Albert Millaire et Claude Blanchard!

Mais le pilier de cette programmation locale est le Fantastique week-end du court métrage québécois, du 5 au 7 août, trois jours de projections gratuites. Une initiative de la programmatrice Isabelle Gauvreau, qui travaille au sein de l'organisation du festival depuis ses débuts et qui voit ce week-end comme une formidable occasion de découvrir les jeunes talents d'ici, tels que Elohim Sandez (film d'animation Le monde intérieur) et Laurence Côté-Collins (Fuck That).

«Pour le court métrage, dit-elle, c'est la troisième année, donc on assure la présence québécoise avec une centaine d'oeuvres» réalisées autant par de nouveaux talents que par des réalisateurs connus. «L'idée étant bien sûr d'offrir une tribune à ces gens-là qui travaillent si fort, ajoute-t-elle. Mine de rien, ils n'ont pas souvent la chance d'être vus.»

Selon le réalisateur québécois Frédérick Maheux, «les moyens de distribution n'ont pas évolué à la même vitesse que les moyens de production et de réalisation». Il y a le web, bien sûr, «mais pour un cinéaste, avoir une projection en salle, c'est un privilège», ajoute le réalisateur. D'où l'importance d'une vitrine comme Fantasia, «absolument essentielle, une vitrine qui s'adresse à un public précis, et aussi à un auditoire international, il ne faut pas l'oublier».

ART/CRIME

Maheux présentera son premier documentaire, ART/CRIME, à propos de l'artiste-maquilleur d'effets spéciaux Rémy Couture, arrêté à l'automne 2009 pour diffusion «d'images obscènes» après avoir été dénoncé par un internaute allemand ayant visité son site.

Enfin, Fantasia rendra hommage à deux pionniers du cinéma québécois - et pas que du cinéma de genre!-, voire canadien: John Dunning et André Link, fondateurs en 1962 de Cinépix (aujourd'hui Lionsgate), qui a permis aux David Cronenberg, Denis Arcand ou encore Ivan Reitman de peaufiner leur art. Le duo avait, notamment, distribué au Québec Daughters of Darkness dans les années 70, un film d'horreur avec... Danielle Ouimet, qui viendra le présenter à Fantasia!

Détails sur festivalfantasia.com