Le réalisateur français Gilles Paquet-Brenner, à qui l'on doit notamment Les jolies choses avec Marion Cotillard, a choisi de porter au grand écran le best-seller de Tatiana de Rosnay, Elle s'appelait Sarah, vendu à plus de deux millions d'exemplaires à travers le monde.

Le plus récent long métrage de Gilles Paquet-Brenner est un thriller historique dans lequel on suit, parallèlement, l'enquête de Julia (Kristin Scott Thomas), une journaliste américaine, mariée à un Français, qui couvre la commémoration de la rafle du Vélodrome d'Hiv en 1942, et le destin de Sarah (Mélusine Mayance), une fillette de 10 ans portant l'étoile jaune sur sa poitrine, stigmate du régime de Vichy durant l'occupation allemande en France.
Leurs destins vont se croiser près de 60 ans plus tard et ce qui devait être le sujet dun article se transforme rapidement en enjeu personnel faisant la lumière sur un drame Sarah aurait sauvé son petit frère des rafles des policiers français en l'enfermant dans un placard de l'appartement familial du Marais à Paris.

«J'ai lu le livre il y trois ans et demi et j'en suis tombé amoureux. Ça m'a permis de me rendre compte que je n'étais pas du tout familier avec les événements de la rafle du Vel' d'Hiv. J'en ignorais les détails, notamment sur le fait d'avoir la police française qui vienne frapper à votre porte le matin pour envoyer votre famille à la mort. Adapter le livre était un bon moyen d'amener tout ça au grand public en France. Le film voyage très bien, les gens sont curieux de savoir comment les Français ont collaboré et parfois avec beaucoup de zèle», explique Gilles Paquet-Brenner.

C'est également la disparition d'une partie de sa famille pendant l'holocauste qui a motivé le réalisateur à aborder le poids du passé et de la culpabilité dans ce long métrage qui montre que les horreurs de la guerre peuvent être toujours vivantes dans le présent.
«Ce qui m'intéressait aussi, c'est ce point de vue contemporain sur l'histoire, parce qu'on se demande souvent, surtout les jeunes, pourquoi on l'apprend. C'est intéressant de voir comment l'histoire a encore des conséquences sur notre vie d'aujourd'hui», précise le réalisateur.

«Il y a un message aussi très universel qui dépasse la Deuxième Guerre mondiale ou l'holocauste. Dans la religion juive, on m'a expliqué que le nom était très important. À travers cette histoire, on rend son nom à ce destin oublié qu'est celui de Sarah», ajoute-t-il.
Le choix de Kristin Scott Thomas pour incarner Julia s'est imposé de lui-même la comédienne anglo-saxonne vit en France depuis plus de 30 ans et elle est mariée avec un Français, tout comme son personnage.

«Kristin et son mari ont trois enfants. Il est de confession juive, elle a donc des enfants à moitié juifs. Ses beaux-parents ont un peu vécu l'histoire de Sarah parce qu'ils ont été cachés pendant la guerre chez différentes personnes. Pour elle aussi, c'était quelque chose de très important. Elle est très proche du personnage et c'est surtout l'une des meilleures actrices au monde. On n'a pas eu à aller chercher plus loin!», explique-t-il.
La recherche pour trouver l'interprète de Sarah a été une tâche beaucoup plus ardue pour le réalisateur. Il a dû auditionner de très nombreuses jeunes comédiennes.

«On avait peur, on se demandait comment on allait trouver une petite file qui allait incarner un personnage aussi complexe qui devait sombrer dans l'horreur. Mélusine Mayance est déjà une actrice professionnelle et c'est peut-être aussi pour ça qu'elle est tellement incroyable. C'est François Ozon qui l'avait découverte quand elle n'avait que sept ans en la faisant jouer dans Ricky. Ce n'est pas une enfant qui joue, c'est vraiment une actrice. Elle comprend la lumière, elle comprend les mouvements, elle sait se positionner par rapport à la caméra et elle a une belle maturité qui fait qu'elle fait très bien la différence entre le cinéma et la réalité. On savait qu'elle ne serait pas abîmée par le fait de jouer ce rôle», ajoute le réalisateur.

Gilles Paquet-Brenner réalisera très bientôt Dark Places, un film adapté du roman du même nom de Gillian Flynn, un thriller qui se déroule dans le Middle West Américain et dont le tournage se fera en partie dans les praires de la Saskatchewan.

Elle s'appelait Sarah est présentement à l'affiche.