Le quatrième court métrage de Sophie Goyette, La ronde, est en compétition dans le volet international de la section Léopards de demain du Festival du film de Locarno. Conversation avec une cinéaste qui ne tourne pas en rond.

Il pleuvait des cordes hier sur le 64e Festival du film de Locarno mais le soleil brillait dans les yeux de Sophie Goyette: parmi les quelque 3000 courts métrages qui lui ont été soumis, le prestigieux événement en a sélectionné 27 pour le volet international de sa section Léopards de demain (dont la remise des prix se fera samedi); celui de la jeune cinéaste, son quatrième, intitulé La ronde, fait parti de ceux-là.

Bref, avec Philippe Falardeau, dont le nouveau film, rebaptisé Monsieur Lazhar, sera projeté ce soir en plein air sur la mythique Piazza Grande, Sophie Goyette est «l'autre» cinéaste québécois dont l'oeuvre est présentée pendant ce festival qui se consacre au cinéma d'auteur.

La première mondiale de La ronde a eu lieu samedi (il y a eu une présentation à des gens du milieu au festival de Cannes, lors d'un événement tenu par la Sodec, mais le public n'était pas de la partie), une deuxième projection s'est faite hier et une autre se tiendra aujourd'hui. «À la première, j'ai été invitée à monter sur scène pour présenter le film. Cela se déroulait dans une salle qui peut contenir 1000 personnes et elle était pleine. J'ai préféré souligner le privilège que c'était de me trouver ici et laisser parler le film de lui-même.»

La ronde, qui s'apprête à tourner (pas en rond) dans plusieurs festivals - des annonces sont prévues pour bientôt - est le plus long court métrage (il dure 23 minutes) de Sophie Goyette. On y suit Ariane (Éliane Préfontaine), dans le bungalow de son père. Ariane qui parle à son frère jumeau - et on sent que la distance, là, a de l'importance. Ariane qui fait ses adieux. Un désir d'ailleurs. Ici étant Laval. Un Laval de banlieue, avec ses champs et ses grands espaces. Un Laval poétique sous le voile de la nuit, dans son bancal mélange «urbano-rural».

L'émotion des lieux

«Le Laval où j'ai passé mon adolescence», résume Sophie Goyette pour qui «tout part des lieux, des émotions qu'ils m'inspirent. L'histoire arrive après». De même que la durée du projet: «Elle s'impose à un moment donné dans le processus.» Cela donne parfois six minutes, comme pour Manèges. Cela donne parfois plus, beaucoup plus: tout en terminant son cinquième court, Le futur proche, la cinéaste travaille au scénario de deux longs. Qu'elle a bien l'intention de réaliser: «J'adore écrire, et réaliser est une deuxième écriture. Je ne me vois donc pas confier ce que j'écris à quelqu'un d'autre, pas plus que je ne me vois réaliser ce que quelqu'un d'autre aurait écrit.»

Mais si ces projets se concrétisent, elle ne tournera pas le dos au court métrage. «Ce n'est pas une étape vers le long, pas pour moi. C'est un art en soi.» Et cet art, elle l'aime. Elle n'a pas besoin de le dire. Cela se lit dans ses yeux pleins de soleil même par jour de pluie.

Demain: notre entrevue avec Philippe Falardeau

Les frais de voyage ont été payés par Les Films Séville/Entertainment One