Lorsque le cinéaste québécois Kim Nguyen a présenté le scénario de son projet de film Rebelle (autrefois appelé Komona), actuellement tourné au Congo, les producteurs Pierre Even et Marie-Claude Poulin de la boîte Item 7 ont été séduits.

Séduits par l'histoire comme par la forme que Nguyen voulait lui donner.

«En apparence, cette histoire semble loin de nous. Il n'y a rien de nord-américain là-dedans, observe Pierre Even. Mais Kim a réussi à livrer quelque chose d'universel. Il y a dans cette histoire une quête de rédemption et de réconciliation à laquelle chacun d'entre nous peut s'identifier.»

Rebelle est le récit d'une jeune fille, Komona, vivant dans un pays subsaharien en guerre. Enlevée par des rebelles, elle est élevée comme enfant soldat. Seule survivante d'une attaque contre le camp où elle est détenue, elle est soudainement perçue comme une voyante.

Un jour, Komona rencontre un jeune garçon, dit «le Magicien». Les deux tombent en amour, mais Komona, hantée par le souvenir de ses parents, entreprend un long périple de retour vers son village natal.

À l'écran, cette vie sera racontée sous forme de narration, Komona s'adressant à l'enfant grandissant dans son ventre. «La voix qu'on entendra sera la sienne, précise Pierre Even. C'est un pari cinématographique très intéressant.»

Cette façon de faire, poursuit M. Even, donne une distance par rapport à la dureté du propos. «L'histoire demeure très dure, mais le spectateur la vivra à travers la naïveté de l'enfant», évoque-t-il.

Casting congolais et québécois

Le rôle de Komona a été confié à une jeune musicienne et comédienne congolaise, Rachel Mwanza, tandis que celui du Magicien est allé à Serge Kanyinda, lui aussi congolais. Trois comédiens d'ici, Alain Bastien, Ralph Prosper et Mizinga Mwinga, sont aussi de la distribution.

«Rachel a une grande intensité à l'écran», assure Pierre Even, ajoutant que les comédiens congolais n'ont pas lu le scénario à l'avance. Ils apprennent leur texte au fur et à mesure du tournage. Cette façon de faire, croisement entre improvisation et acting, donne plus de spontanéité, croit-il.

Le tournage de Rebelle a débuté le 5 juillet à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (R.D.C.), et dans ses environs. Après avoir visité quelques pays africains en février dernier, Kim Nguyen (La Cité, Truffe, Le Marais) a choisi de poser sa caméra au Congo pour plusieurs raisons.

«Pour la direction artistique, les décors et les paysages, c'est exactement ce que nous avions en tête», dit Pierre Even, qui rappelle que Rebelle se déroule dans un pays (non nommé) en guerre. Or, la R.D.C. porte encore les stigmates de longues années de conflits.

De plus, outre les dialectes, le français est la langue d'usage, ce qui facilite les échanges. Enfin, l'équipe de production a trouvé chez les Congolais de nombreux talents artistiques. «Ils possèdent une culture artistique très profonde, argue Pierre Even. Il y a chez eux de très bons acteurs et musiciens. Ce sont des artistes!»

Le tournage de Rebelle se poursuit jusqu'au 13 août. Le film doit sortir en salle à l'automne 2012 au Québec.

Cette semaine, suivez dans les pages Arts et spectacles les reportages de La Presse sur le plateau de tournage de Rebelle en République démocratique du Congo.