Avec trois récompenses, dont le Grand Prix des Amériques, Hasta la Vista du réalisateur belge Geoffrey Enthoven a remporté dimanche les grands honneurs de la 35e édition du Festival des films du monde.

Dans un palmarès varié, huit des vingt films inscrits en compétition mondiale ont été récompensés. Mais le Canada, représenté avec les longs métrages La run des frères Fuica et Coteau rouge d’André Forcier, en est demeuré exclus.

Hasta la Vista est un long métrage drôle et tendre racontant le parcours de trois jeunes hommes souffrant de troubles physiques qui entreprennent un road trip de la Belgique vers l’Espagne dans le but de perdre leur virginité. Une oeuvre forte et jouissive qui célèbre les valeurs de l’amitié et la solidarité, peu importe les circonstances.

Le film a rallié autant les festivaliers que le jury présidé par le cinéaste espagnol Vicente Aranda. À preuve, il a aussi remporté le prix du public! Il a de plus obtenu une mention spéciale du jury du Prix oecuménique.

«Je rêvais de ce moment et je rêvais de ce prix, a indiqué le réalisateur Geoffrey Enthoven en recevant le prix du public devant une salle Maisonneuve de la Place des Arts pas tout à fait remplie. Je savais depuis quelques années que le public de Montréal est fantastique mais je l’ai ressenti mille fois plus cette semaine.»

La remise des prix a été précédée d’un hommage à la comédienne française Catherine Deneuve. Le président du FFM, Serge Losique, a salué sa carrière en nommant plusieurs grands films auxquels elle a participé, dont deux longs métrages datant de… 1911. Ce lapsus d’un siècle a soulevé bien des murmures dans la salle.

Après la présentation d’extraits de quelques films, le prix hommage a été remis à Mademoiselle Deneuve des mains de la ministre québécoise de la Culture, Christine St-Pierre. Cette dernière a présenté la comédienne comme «un modèle pour des générations d’acteurs» et a aussi salué son travail pour la préservation du patrimoine cinématographique à l’UNESCO. «Je remercie le festival pour cet honneur. C’est un peu exagéré mais j’en suis très heureuse», a humblement indiqué la comédienne.

Le Grand prix spécial du jury a été attribué au film japonais Chronicle of my Mother. Inspiré du récit autobiographique de l’écrivain Yasushi Inoue, le film raconte les dernières années de vie d’une femme qui s’enfonce de plus en plus dans la sénélité.

Le prix de la meilleure mise en scène est allé au film allemand Le feu alors que celui du meilleur scénario est revenu à L’art d’aimer du Français Emmanuel Mouret.

Chez les comédiens, le prix de la meilleure interprétation féminine est allé à Fatemeh Motamed-Arya du film iranien Here Without Me. Celui-ci est directement inspiré de la pièce La ménagerie de verre de Tennessee Williams. Mme Motamed-Arya y tient le rôle de la mère protectrice et envahissante qui tente à tout prix de marier sa fille handicapée.

L’Américain Danny Huston, qui tient le rôle d’un entraîneur de basket-ball aux prises avec les démons de son enfance dans Playoff, une coproduction Israël-France-Allemagne, et le Polonais Borys Szyc, interprète du film Le père sur un travailleur minier membre du syndicat Solidarité accusé d’être un collaborateur de la police secrète, partagent le prix d’interprétation masculine.

Le tableau de la compétition mondiale est complété des films italien Tatanka (contribution artistique) et japonais Life Back Then (innovation).

Nordzee, Texas

Un autre film belge, Nordzee, Texas, de Bavo Defurne, s’est démarqué en remportant deux prix, à savoir le Zénith d’argent de la compétition mondiale des premières oeuvres ainsi que le prix FIPRESCI de la Fédération internationale de la presse cinématographique, toujours pour les premières oeuvres.

«Nordzee est un film d’amour et pour faire un film d’amour, il faut avoir un coeur», a indiqué le réalisateur en recevant son prix FIPRESCI en après-midi. M. Defurne a salué l’audace tant du FFM que du jury pour avoir choisi ce film sur l’amour d’un adolescent pour une autre garçon.

Le prix FIPRESCI pour les oeuvres en compétition mondiale est allé à Le jeudi noir du Polonais Antoni Krauze alors que le Zénith d’or du meilleur long métrage des premières oeuvres est allé à In Our Name du Britannique Brian Welsh.

Les films canadiens ont remporté deux prix dans les catégories de films… canadiens. Coteau rouge a obtenu le Prix de la Cinémathèque québécoise du coup de coeur du public pour un long métrage canadien. Le titre de meilleur court métrage du pays de la feuille d’érable est allé à Nuageux de Valislav Kazakov.

Enfin, le Prix oecuménique est allé au long métrage américain David, une oeuvre techniquement malhabile mais dont le récit d’un adolescent juif qui se fait trois amis musulmans à leur insu est on ne peut plus sympathique.