Le plus grand festival du film d’Amérique du Nord débute jeudi à Toronto et braque cette année ses projecteurs sur la musique, les réalisatrices ou l’immigration, mais aussi sur les attentats du 11-Septembre, qui avaient eu lieu il y a 10 ans en plein festival.

«C’est une année riche en documentaires musicaux et il y a aussi quelques films très provocateurs faits par des femmes», a résumé pour l’AFP l’un des directeurs du festival, Cameron Bailey.

Pour la première fois, le festival de Toronto débutera avec un documentaire, puis continuera jusqu’au 18 septembre avec 268 films de fiction et 68 courts-métrages de 59 pays, dont 123 premières mondiales.

L’honneur de la première projection ira à From The Sky Down, sur le groupe irlandais U2, réalisé par Davis Guggenheim, lauréat d’un Oscar pour Une Vérité qui dérange, un documentaire sur le changement climatique.

U2 sera à Toronto pour assister à l’événement, tout comme le groupe Pearl Jam et Neil Young, eux aussi héros musicaux de nouveaux documentaires.

Dimanche, un film de quatre minutes, Regard en arrière sur ce qui est arrivé marquera le 10e anniversaire des attentats du 11-Septembre aux États-Unis.

Il y a 10 ans, les attaques avaient été lancées pendant le festival. «C’était horrible et insupportable pour plein de gens, surtout pour les Américains bloqués ici», se rappelle Bailey.

Parmi les autres thèmes phares du festival, «une réaction marquée à la crise de l’immigration en Europe», a ajouté M. Bailey. «Nous avons eu des documentaires sur ce sujet dans le passé, mais cette année nous avons plusieurs réalisateurs (de fiction) qui parlent des gens frappant à la porte de l’Europe et de la réaction de l’Europe à cette situation».

Parmi les films explorant ce sujet, The Invader, Hotel Swooni, The Cardboard Village, Terraferma et Color of the Ocean.

Le festival accueille également cette année de nombreux films réalisés par des femmes: l’adaptation «révisionniste» par Andrea Arnold du roman classique d’Emily Brontë, Les Hauts de Hurlevent; La Folie Almayer de Chantal Akerman d’après un roman de Joseph Conrad; In Darkness d’Agnieszka Holland, sur les Juifs polonais qui se cachaient dans les égouts pour échapper aux camps de la mort allemands.

«L’un des combats que doivent mener les réalisatrices est le fait qu’elles sont perçues comme pouvant raconter seulement un certain type d’histoires, des histoires douces sur les femmes et les émotions», observe M. Bailey.

Kathryn Bigelow a prouvé le contraire l’année dernière avec son Oscar pour The Hurt Locker, portrait décapant de l’Irak en guerre. Et elle l’a eu «pour un film sans femmes», note-t-il.

Cependant, c’est la bande-annonce d’Hysteria, un film «chaud» de Tanya Wexler sur l’invention du vibromasseur électrique, qui a été l’oeuvre la plus téléchargée depuis le site du festival.

Les spectateurs pourront voir aussi des films nouveaux de William Friedkin (Killer Joe) et Francis Ford Coppola (Twixt), et assister aux premières nord-américaines d’oeuvres de Pedro Almodovar, George Clooney, Madonna et du Danois controversé Lars von Trier.
Le festival de Toronto est le plus important en Amérique du Nord. Suivi massivement par les médias et les distributeurs, il est perçu comme une rampe de lancement pour les candidats aux Oscars.

Contrairement à ceux de Cannes et de Berlin, il n’y pas de jury décernant des prix. En revanche, les spectateurs - qui avaient acheté quelque 500 000 entrées pour l’édition 2010 - votent pour un prix du public. Ce dernier est allé l’année dernière au King's Speech avec Colin Firth.