Le plus grand festival de cinéma en Amérique du Nord commence ce soir au son d'Achtung Baby, l'album mythique du plus célèbre groupe musical de la planète.

À quelques heures du lancement du 36e Festival international du cinéma de Toronto, la fébrilité est palpable dans la Ville reine. À la perspective de voir pendant 10 jours les films les plus attendus de la nouvelle saison s'ajoute aussi cette année un élément plus particulier. Pour une rare fois, la soirée d'ouverture suscite un véritable intérêt de la part des médias internationaux, grâce à la présence sur le tapis rouge ce soir de Bono et The Edge.

Les membres du groupe U2 viendront en effet soutenir la présentation du nouveau documentaire que David Guggenheim (An Inconvenient Truth) leur a consacré. From the Sky Down relate la fabrication d'Achtung Baby, l'album phare du mythique groupe irlandais. Du coup, l'intérêt pour ce qui est traditionnellement considéré comme la soirée la plus «pépère» du festival est monté de plusieurs crans. Il faut savoir en effet que le TIFF a l'habitude d'organiser la toute première soirée du festival «en famille», avec la présentation d'un film canadien. Une pratique heureuse quand Cronenberg, Arcand ou Egoyan sont de service, mais celle-ci peut aussi parfois se révéler désastreuse. Personne ici n'a oublié le navet historique présenté l'an dernier Score: A Hockey Musical, probablement le pire film jamais présenté dans le cadre d'une soirée d'ouverture d'un grand festival de cinéma.

Ayant tiré les leçons qui s'imposent, les organisateurs préfèrent désormais déroger à la tradition plutôt que de subir pareille humiliation de nouveau. Fort aussi du succès de l'événement consacré à Bruce Springsteen l'an dernier, ils n'ont pas hésité à proposer pour la première fois un documentaire en guise de film d'ouverture. Plusieurs attribuent aussi au succès du Boss la présence de plusieurs films musicaux dans la programmation du TIFF cette année. Outre From the Sky Down, on note Pearl Jam Twenty, un document de Cameron Crowe. Le groupe se produit en outre à l'Air Canada Centre ce week-end. Le cinéaste Jonathan Demme lancera de son côté au TIFF Neil Young Life. Il participera aussi à une conversation sur scène avec le célèbre artiste canadien.

Jusqu'au 18 septembre, le TIFF, qui ne comporte pas de volet compétitif, présentera pas moins de 268 longs métrages et 68 courts métrages en provenance de 59 pays.

Plusieurs d'entre eux sont évidemment présentés en primeur mondiale ou nord-américaine. Aux films anglo-saxons que les grands studios et les studios spécialisés viennent lancer ici dans l'espoir de créer une rumeur pouvant les mener jusqu'à la prochaine saison des récompenses, il faut aussi compter plusieurs oeuvres internationales déjà présentées à Cannes ou, plus récemment, à Venise.

Les plus grandes stars du cinéma mondial se disputeront aussi l'espace médiatique. Seulement demain, Brad Pitt, Philip Seymour Hoffman, George Clooney, Ryan Gosling, Paul Giamatti, Marisa Tomei, Jean Dujardin, et de nombreux autres artistes de renom paraderont en ville.

Une forte représentation québécoise

Neuf longs métrages québécois ont été sélectionnés au TIFF cette année, parmi lesquels huit sont encore inédits chez nous. Fort de son prix du public décroché au Festival de Locarno, Philippe Falardeau aura l'honneur de lancer ici son Monsieur Lazhar en présentation spéciale. Jean-Marc Vallée et Guy Édoin débarquent dans la métropole canadienne avec leur nouveau film sous le bras (Café de Flore pour l'un, Marécages pour l'autre) quelques jours à peine après les avoir montrés une première fois à la Mostra de Venise. Le très beau premier long métrage d'Ivan Grbovic Roméo Onze, entame lui aussi sa carrière nord-américaine à Toronto après avoir été lancé il y a deux mois au Festival de Karlovy Vary. Quant à Starbuck, déjà sorti chez nous avec le succès que l'on sait, il fera ici l'objet d'un traitement royal. La comédie dramatique de Ken Scott est en effet inscrite dans la section Galas, la plus prestigieuse catégorie du TIFF. Starbuck est le seul film québécois à avoir droit à cet honneur cette année.

Le premier long métrage d'Anne Émond Nuit # 1 sera présenté au TIFF en première mondiale, tout comme les documentaires Pink Ribbons, Inc. (Léa Pool) et Surviving Progress (Mathieu Roy et Harold Crooks).

Soulignons par ailleurs la sélection de plusieurs courts métrages québécois à Toronto, notamment Hope, le nouveau film de Pedro Pires (Danse macabre) présenté la semaine dernière au Festival de Telluride, La Ronde de Sophie Goyette, Trotteur d'Arnaud Brisebois, et Vent solaire de Ian Lagarde.