Keira Knightley déteste le fait que la sortie de A Dangerous Method de David Cronenberg provoquera probablement sur Google une flopée de recherches de photos d’elle nue ou en train de se faire donner la fessée.


Ce n’est pas la première fois que l’actrice anglaise âgée de 26 ans tourne des scènes osées. En 2008, elle avait d’ailleurs déclaré aux journalistes qu’elle n’avait rien contre l’idée d’apparaître en tenue d’Ève si le rôle était intéressant.


Il y aura toujours des comédiens qui accepteront de se dévêtir, soit parce qu’ils sont à l’aise avec le concept, soit parce qu’ils se sentent obligés de le faire pour être embauchés.
D’autres, comme Keira Knightley, sont toutefois de plus en plus réticents par rapport à la nudité au grand écran parce qu’ils savent que ces images seront cataloguées et archivées en ligne pour toujours.


«Je crois que ce n’est plus comme dans les années 1960 ou 1970 lorsqu’on pouvait faire des choses et qu’elles restaient confinées au média pour lesquelles elles avaient été créées. Maintenant, il y a des gens qui veulent les sortir de leur contexte», a déclaré l’actrice lors d’une récente entrevue.


«Si on regarde les films en ce moment, je pense qu’il y a de moins en moins d’actrices qui retirent leurs vêtements ou qui tournent des scènes comme ça. C’est tout à fait compréhensible puisque, soudainement, il y a un autre côté à ça auquel on n’avait pas songé.»


Mais même Keira Knightley est prête à faire une exception, tout comme beaucoup d’autres acteurs en vedette dans les films présentés au Festival international du film de Toronto (TIFF) cette année.


Dans le cas de A Dangerous Method, qui raconte la naissance de la psychanalyse sous la houlette de Carl Jung, son mentor Sigmund Freud et la pionnière méconnue Sabina Spielrein, le cinéaste canadien David Cronenberg voyait la scène de sadomasochisme entre Carl et Sabina comme essentielle à la compréhension de leur relation.


Keira Knightley se réjouissait de travailler avec le réalisateur de Crash et adorait le scénario de A Dangerous Method, mais avait de sérieuses réserves par rapport aux scènes de nudité avec son collègue Michael Fassbender.


Il a fallu beaucoup de discussions avec David Cronenberg avant qu’elle finissent par accepter de jouer Sabina Spielrein... et de se dénuder.


«En fait, j’ai pensé refuser dès le début. David m’a dit que ce serait une véritable tragédie si je refusais le rôle et a décidé de retirer les scènes», a raconté la principale intéressée. «J’ai répondu qu’il fallait les laisser parce qu’elles étaient incroyablement importantes.»


«Alors, on en a discuté et rediscuté. Il m’a dit qu’il ne voulait pas que ce soit sexy ou exhibitionniste, mais clinique afin que l’on puisse bien comprendre qui était le personnage», a-t-elle ajouté. «J’ai dit que cela avait du sens pour moi et que je pouvais le faire.»


De son côté, David Cronenberg a expliqué qu’il était vraiment prêt à faire un compromis.
«J’ai dit à Keira qu’elle devait se sentir à l’aise, que l’on pouvait tourner la scène de la fessée avec vêtements si c’était nécessaire. Alors, on a eu une discussion très franche sur ce qu’elle voulait et ne voulait pas faire», a relaté le cinéaste.


«Je voulais Kiera pour le rôle et, si elle avait refusé de tourner nue, j’aurais quand même voulu que ce soit elle», a-t-il assuré.


Si le réalisateur croit qu’il ne s’agit pas d’un nouveau problème, il est d’accord pour dire que le Web a rendu les actrices et les acteurs plus frileux à l’idée de se dévêtir dans les films.
«Lorsque Viggo Mortensen a tourné nu pour la scène de combat dans Eastern Promises, c’était sans l’ombre de doute une inquiétude pour lui», a-t-il révélé.


«C’est vraiment une question délicate même si ce n’est pas nouveau puisqu’il existe des photos de Sophia Loren nue tirées de ses premiers films. Mais je pense que le phénomène s’accélère et s’accentue à cause d’Internet.»


A Dangerous Method n’a pas encore pris l’affiche, mais le public a déjà pu jeter un coup d’oeil aux scènes osées de Keira Knightley grâce à la bande-annonce du film. L’actrice n’est toutefois pas choquée que les producteurs aient joué cette carte pour promouvoir le long-métrage.


«Il s’agit de Freud, de Jung et de sexe. Le film entier parle de sexe et je suis tout à fait au courant que c’est ce qui vend», a-t-elle noté. «Je voulais travailler avec David, ce qui implique de respecter son style qui est plutôt cru. Il faut l’accepter ou ne pas le faire.»