Pour bien comprendre un pays, une société, un peuple, rien de mieux qu'un plongeon dans sa cinématographie.

Et, foi des cinéastes Louis Bélanger et Denis Chouinard, l'événement «Tapis rouge au cinéma roumain» propose une «programmation parfaite» pour mieux comprendre la Roumanie d'aujourd'hui.

Jusqu'au 30 octobre, au cinéma Beaubien, le festival présentera 10 longs et 6 courts métrages signés par des réalisateurs de l'heure dans ce pays d'Europe de l'Est.

«Une cinématographie nationale constitue une façon extraordinaire pour prendre le pouls d'un peuple ou un moment particulier dans la vie de celui-ci», dit Louis Bélanger, réalisateur de Route 132.

«À travers les yeux des réalisateurs, on découvre un pays, ajoute Denis Chouinard, à qui l'on doit L'ange de goudron. Les réalisateurs sont des capteurs de réalité. Ils nous permettent de plonger, d'aborder différents axes, différentes perspectives sur la société contemporaine, de mieux comprendre ce qui s'est passé dans ces coins de pays.»

On aura compris que ces deux porte-parole de l'événement sont de grands amateurs de cinéma des pays de l'Est. Cette passion commune remonte à leurs années universitaires, où Bélanger et Chouinard se sont liés d'amitié.

Aujourd'hui, ils parlent du sujet en symbiose. L'un complète les phrases de l'autre. On boit littéralement leurs paroles lorsqu'ils évoquent le cinéma roumain.

Denis Chouinard et Louis Bélanger se sont initiés au cinéma roumain dans la seconde moitié des années 80, juste avant la chute du mur de Berlin.

«Nous étions fascinés par cette capacité des cinéastes à dire des choses sur leurs quotidiens malgré la censure, dit M. Bélanger. On les trouvait fort inventifs à cri, en dépit d'un bureau de censure coriace.»

C'est en 1991, avec Le chêne de Lucian Pintilie, qu'ils tombent carrément dans le ravissement. «Ce fut un électrochoc, dit Denis Chouinard. À travers l'histoire d'amour entre une femme qui amène son père à l'hôpital et le médecin traitant, on décrit le climat de décrépitude des services publics du pays. On sent très bien le niveau d'aliénation imputable aux années du régime Ceausescu.»

Les films de Pintilie ne font pas partie de la programmation de ce «Tapis rouge», mais les thèmes sont les mêmes. «Un film comme Kapitalisme, notre recette secrète (Alexandru Solomon) montre comment les anciens apparatchiks du régime Ceausescu ont été les premiers à mettre la main sur les richesses du pays après la chute de l'ancien dirigeant», note Denis Chouinard.

La sélection comprend aussi deux films de Corneliu Porumboiu, dont 12:08 à l'est de Bucarest, Caméra d'Or à la Quinzaine des réalisateurs en 2006. «En terme de simplicité, c'est une leçon de cinéma pour les jeunes réalisateurs», dit Louis Bélanger.

Toute la programmation se trouve à l'adresse www.cinetapisrouge.com