Au cul du loup raconte l’histoire de Christina (Christelle Cornil), jeune femme de 30 ans qui hérite sans crier gare d’une maison perchée dans les hauteurs reculées de la Corse. Contrairement à son entourage qui tente de la convaincre de vendre la propriété, elle voit dans ce patrimoine l’occasion de quitter une vie fade, prévisible et tracée d’avance. Nous avons rencontré le réalisateur Pierre Duculot il y a quelques semaines au Festival international du film francophone de Namur en Belgique.

1-Un des thèmes porteurs du film est la peur du changement...
« C’est assez vrai. Le moteur qui a fait évoluer le personnage durant tout le film est le passage du statut d’assisté, de quelqu’un dont on s’occupe en permanence et qui a une vie suffisamment satisfaisante pour ne pas se poser de questions à la volonté de prendre sa vie en main. La liberté, ça fait peur ; c’est dur à gérer. Et c’est ce que je veux raconter. Christina va en baver en voulant occuper sa maison, mais elle va le faire toute seule. Ce sera son choix. »

2-L’entourage de Christina essaie constamment de lui dire quoi faire. Est-ce un trait de caractère belge que de se mêler des affaires des autres ?
« C’est très belge et très wallon. Nous sommes un très petit pays. Je fais toujours la comparaison avec les étudiants français. Eux vont faire 400, 500, 800 kilomètres pour aller étudier dans certaines écoles. À partir de 18 ans, ils vont voir leurs parents quatre fois par année. En Belgique francophone, on a un territoire minuscule et un étudiant belge, dans le pire des cas, rentre chez ses parents tous les vendredis. Des gens qui me disent être chez leurs parents tous les samedis et qui ont leur belle-mère dans leur salon tous les dimanches, j’en connais plein. Nous avons un côté « ne pas faire de vague » qui se transmet d’une génération à l’autre. C’est gentil, mais c’est une oppression douce. »

3-Avant ce long métrage, vous avez réalisé deux courts. Toujours avec Christelle Cornil. Que voyez-vous en elle ?

« J’avais envie de cette fidélité. Nous nous sommes connus sur un jury et j’avais vraiment eu beaucoup de plaisir à parler métier avec elle. Je commence à bien la connaître. On a des intérêts communs. Elle a un point de vue sur les choses et le fait valoir en douceur. Moi j’ai horreur des comédiens qui réécrivent les dialogues, par facilité et par envie de tirer la couverture vers eux. Alors que Christelle voit des trucs justes. Cela mène à de réels échanges entre nous. Je me suis dit : on s’amuse. Aussi bien continuer ! »

Samedi, 5 novembre, 9 h ; mardi, 8 novembre, 17 h 15.