Le film québécois Rebelle de Kim Nguyen a été sélectionné en compétition officielle pour la 62e Berlinale, a appris La Presse.


L’annonce sera faite ce matin par les programmateurs du festival berlinois et par le producteur québécois Item 7, à qui l’on doit aussi le film Café de Flore.


Tourné l’été dernier en République démocratique du Congo (RDC), ce quatrième long métrage de Kim Nguyen fera face à de grosses pointures, dont Les adieux à la reine de Benoit Jacquot, Jayne Mansfield’s Car de Billy Bob Thornton et Captive (avec Isabelle Huppert) de Brillante Mendoza.


Le premier film d’Angelina Jolie, In the Land of Blood and Honey, sera également projeté en présentation spéciale au festival de Berlin (9 au 19 février), dont la tenue marque le début de la nouvelle année de la planète cinéma. Le jury de la compétition officielle sera présidé par le cinéaste britannique Mike Leigh.


Avec Cannes, Venise et Toronto, Berlin est un des quatre plus importants festivals de cinéma dans le monde. C’est la première fois, depuis Madame Brouette de Moussa Sene Absa (une coproduction Canada-France-Sénégal), en 2003, et Emporte-moi de Léa Pool, en 1999, qu’un long métrage québécois est sélectionné en compétition officielle à Berlin.


Le réalisateur Kim Nguyen et les producteurs Pierre Even et Marie-Claude Poulin d’Item 7 étaient littéralement transportés lorsqu’ils ont discuté de la nouvelle avec La Presse. « C’est un grand honneur pour nous », a dit Pierre Even, en donnant une tape sur l’épaule de Kim Nguyen assis à sa droite. « Ce qui nous arrive est fantastique. »
« Je suis encore aux anges, a ajouté le réalisateur. De voir que mon film est ainsi apprécié après y avoir travaillé durant 10 ans est un très beau cadeau. »


À travers la vie de deux jeunes de la rue, Komona et Le Magicien, Rebelle raconte le sort réservé aux enfants-soldats africains. À force de résilience, Komona, enceinte d’un chef rebelle, entreprend un long périple de retour vers son village natal, tout en racontant sa vie à son enfant à naître.


Le film a été tourné dans la capitale de la RDC, Kinshasa, et dans les environs. Une trentaine de techniciens québécois y participaient, de même que les comédiens Ralph Prosper, Alain Bastien et Mizinga Mwinga. « Ce fut l’expérience créatrice la plus forte de ma vie », a dit M. Nguyen.


On ne connaît pas encore la date de sortie en salle de ce film, distribué par Métropole. Mais les organisateurs s’attendent à ce que la vitrine que leur offre Berlin bouscule les choses et leur ouvre beaucoup de portes à l’international au cours des prochains mois.


Dernière minute
C’est la productrice Marie-Claude Poulin qui, la première, s’est fait proposer de soumettre le film à Berlin, alors qu’elle se trouvait à Paris en novembre dernier, dans le cadre de la Semaine du cinéma québécois. « Des gens m’ont dit que le film de Kim était le genre parfait pour Berlin, raconte-t-elle. Au début, nous voulions le soumettre au festival de Cannes. Après discussion, nous avons décidé de tenter notre chance. »


« À partir du moment où nous avons pris la décision, il a fallu changer tout le calendrier de production. Les gens de la postproduction ont travaillé fort durant le temps des Fêtes », indique pour sa part Pierre Even.

Lorsque les producteurs ont fait leurs premières démarches avec les programmateurs de Berlin, on leur a répondu que la programmation de la compétition officielle était fermée et qu’il restait de très rares places dans les autres sections.

Puis, le 6 janvier, contre toute attente, Mme Poulin et M. Nguyen ont reçu un courriel leur annonçant que le film avait tellement été bien reçu qu’il se retrouvait parmi les grands.

« La copie que nous avons soumise était inachevée. Il n’y avait encore ni son ni effets spéciaux. On va embarquer dans l’avion avec une copie terminée encore chaude sous le bras », indique Kim Nguyen.

Auteur de trois autres longs métrages (Le marais, Truffe et La cité), ce dernier est d’autant plus fier qu’il voulait revenir à une certaine authenticité, à plus de spontanéité avec ce film. « Ceux qui l’ont vu me disent que ce qu’ils voient colle à ce qu’ils ont lu dans le scénario, ce qui est très satisfaisant », dit-il.


Au fil des ans, quelques films canadiens ont réussi à se hisser en compétition officielle à Berlin. Depuis 1999, outre Madame Brouette et Emporte-moi, le Québec s’est signalé dans cette catégorie avec les courts métrages Âme noire (2001) et Sentinelle (2000).


Rappelons enfin que Rebelle ne sera pas le seul film québécois ou canadien présenté à Berlin cette année. Le nouvel opus de Denis Côté, Bestiaire, sera présenté dans la section Forum, tout comme Francine de Brian M. Cassidy et Melanie Shatzky (coproduction avec les États-Unis) et Le sommeil d’or de Davy Chou (coproduction avec le Cambodge). Dans la section des courts métrages, on retrouvera The Man That Got Away de Trevor Anderson.