L’acteur et réalisateur italien Nanni Moretti, six fois sélectionné et deux fois couronné sur la Croisette, présidera en mai le jury de la 65e édition du Festival de Cannes, succédant à Robert De Niro.

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À 58 ans, ce cinéaste engagé - contre Berlusconi et pour la psychanalyse - était encore présent à la dernière édition où il présentait, en compétition officielle, Habemus Papam avec Michel Piccoli dans le rôle d’un souverain pontife égaré par le doute.


Palme d’Or en 2001 pour La Chambre du Fils, et Prix de la Mise en scène pour Journal intime en 1994, il officiera du 16 au 27 mai à la tête d’un jury qui reste à désigner dans le courant du printemps.


Il avait lui-même déjà siégé comme juré en 1997, lors de la cinquantième édition.


«C’est une joie, un honneur et une grande responsabilité de présider le jury du festival cinématographique le plus prestigieux du monde, qui se déroule dans un pays qui a toujours considéré le cinéma avec attention et respect», a-t-il déclaré en acceptant l’invitation qui lui était faite, ont rapporté les organisateurs dans un communiqué.


«Comme réalisateur, j’ai toujours vécu avec émotion la participation de mes films au Festival de Cannes. Je me souviens aussi avec bonheur de mon expérience en tant que membre du jury durant l’édition du cinquantenaire», poursuit-il, confessant de même «la même curiosité (de spectateur) que dans ma jeunesse».


De son côté, le président du Festival, Gilles Jacob, a salué cette nomination en rappelant qu’il avait retenu Ecce Bombo en compétition «dès (son) arrivée en 1978». «Je pressentais que Nanni Moretti allait bientôt devenir " Nanni Moreti". C’est ce qui s’est passé et je me réjouis de cette longue et affectueuse collaboration».


Nanni Moretti, né en 1953 à Brunico en Italie, a signé, entre autres films marquants, La Messe est finie (1985), Palombella rossa (1989), Journal intime (1994), La Chambre du fils, et Le Caïman (2006), dénonciation des manières politiques de Silvio Berlusconi, qui a quitté cet automne la présidence du Conseil en Italie.


Pour Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes, qui le tient pour un «auteur majeur, très haut dans mon panthéon personnel», ce choix se justifie d’autant plus que «Cannes a eu trois présidents américains en quatre ans et qu’il est bon de revenir à un Européen», a-t-il déclaré à l’AFP.


Nanni Moretti succède ainsi à Robert De Niro en 2011, Tim Burton en 2010, Isabelle Huppert en 2009 et Sean Penn en 2008.

Surtout, «Nanni Moretti incarne bien la permanence du cinéma européen et son caractère inattendu et inventif» a poursuivi M. Frémaux en célébrant «la fougue, la modernité et l’intelligence» de ses films, qui «incarnent ce que le cinéma a donné de meilleur ces trente dernières années».


Le choix du président du jury reste un exercice essentiel à la bonne tenue et à la renommée du festival.

Il s’effectue au sein d’une liste de hautes personnalités du cinéma soumise par le président du Festival Gilles Jacob et par Thierry Frémaux et validée par le conseil d’administration.

«C’est un travail exigeant, deux semaines durant, une responsabilité à assumer: certains présidents se trouvent à juger les films de leurs amis et ça peut être cruel parfois», résume M. Frémaux.