C’était il y a 600 ans. Juste avant l’arrivée des Blancs. Maïna, fille d’un chef innu, fait à sa meilleure amie mourante la promesse qu’elle s’occupera de son fils, Nipki. Lorsque le petit est enlevé par un groupe d’Inuits, Maïna se mettra à leur poursuite. Jusqu’à ce qu’elle soit capturée à son tour. Et établisse une relation avec Natak, un de ses ravisseurs.

Lorsqu’il a pris connaissance des récits de l’auteure Dominique Demers, il y a déjà plusieurs années, le réalisateur Michel Poulette est tombé sous le charme de cette histoire qu’il est en voie de réaliser pour le grand écran, d’après un scénario de Pierre Billon.

«Maïna est une grande histoire d’amour et d’aventure qui se déroule dans un environnement non traditionnel, mais qui s’adressera au grand public», dit M. Poulette, rencontré dans un resto à la mode du Vieux-Montréal.

À mi-chemin du tournage, le réalisateur de Louis 19 et de la télésérie Urgence (scénarisée par Fabienne Larouche et Réjean Tremblay) est animé d’un enthousiasme contagieux pour cette nouvelle aventure cinématographique hors de l’ordinaire. Après un bloc de tournage l’automne dernier dans la région de Mingan, il prépare fébrilement le bloc printanier qui se déroulera autour de Kuujjuaq au Nunavik.

«On ne travaille qu’avec des éléments naturels, dit-il. La très grande majorité des scènes ont été tournées à l’extérieur. Nous sommes entre autres allés tourner aux chutes Manitou, qui sont d’une grande splendeur.»

Pour les images, il a pu compter sur la solide expérience d’Allen Smith, directeur photo de La grande séduction, Maman Last Call et qui était sur la deuxième équipe du long métrage Sept ans au Tibet.

La connaissance de l’autre

La thématique au coeur de Maïna sera la connaissance de l’autre, défend Michel Poulette. Dès le départ, donne-t-il en exemple, le spectateur constatera qu’il y a une importante différence entre Innus (les Montagnais) et Inuits (autrefois appelés Eskimos).

Héroïne du film, Maïna fera d’ailleurs face à un «clash des cultures», dixit M. Poulette, tout en finissant par constater qu’il y a aussi des ressemblances entre les deux cultures.

Pour coller au thème du film, Blancs, Innus et Inuits participent à cette coproduction, une première dans le genre.

La distribution est majoritairement formée d’acteurs des Premières Nations. L’Albertaine de descendance crie Roseanne Supernault tiendra le rôle de Maïna, tandis que Tantoo Cardinal jouera sa mère Tekahera et Graham Greene (Lost and Delirious, La ligne verte, Grey Owl) interprétera son père, Mishtenapu. On y verra aussi Nata Ungalaaq (Tivii dans Ce qu’il faut pour vivre), Peter Miller et Eric Schweig.

«C’était une de mes priorités d’avoir des comédiens issus des Premières Nations pour les principaux rôles, dit Michel Poulette. Eric Schweig, par exemple, est à moitié inuit, mais il joue la plupart du temps des rôles d’Amérindien. Pour une fois, il a l’occasion d’incarner sa vraie descendance!»

Hors cliché

Le réalisateur voulait aussi prendre son temps avec les faits, ne pas sombrer dans les clichés. «On ne débarque pas chez les gens des Premières Nations en leur disant: On va parler de vous autres!, insiste le réalisateur. Il fallait prendre le temps d’échanger, de faire connaissance. Sur le plateau, on a des représentants des deux peuples qui nous corrigent si on commet des erreurs de fait avec leur culture. C’est entre autres pour cela qu’on a mis tellement de temps à structurer le projet.»

Doté d’un budget de 9 millions, Maïna est une coproduction des maisons Thalie, Média Bizz et Nuit Blanche. Il sera distribué par Les Films Équinoxe au Québec. La sortie est attendue en 2013.

Michel Poulette a bon espoir que le film connaisse une carrière internationale. «À l’étranger, il y a de l’intérêt pour les peuples autochtones et ici, on en retrouvera deux en même temps.»