Après une conférence de presse tenue au Festival de Toronto, où tous les yeux et les caméras étaient tournés vers elle, Madonna a confié aux deux stars de W.E., Abbie Cornish et Andrea Riseborough, le soin de discuter avec les médias des dessous de ce film en deux temps pour deux destins.

D'un côté, l'histoire. De l'autre, la fiction. D'un côté, les années 30. De l'autre, les années 90. D'un côté, la mythique Wallis Simpson, Américaine deux fois divorcée; et Edward, qui abdiqua le trône du Royaume-Uni par amour pour elle. De l'autre, le personnage fictif Wally Winthrop, New-Yorkaise mariée à un homme qui la maltraite et fascinée par le destin de celle qui est devenue la duchesse de Windsor; et Evgeni, gardien de sécurité ukrainien entre les bras duquel la jeune femme se réfugiera.  

Deux couples. Deux fois W. et E. D'où le titre du deuxième long métrage réalisé par Madonna.

Je me trouvais à New York quand j'ai entendu deux amies parler du projet et ça m'a tout de suite intéressée», raconte l'actrice britannique Andrea Riseborough. Qui a lu le scénario; a été fascinée par la dualité des histoires que Madonna (coauteure du scénario avec Alek Keshishian) a entrelacées; et a obtenu le rôle de Wallis Simpson. L'actrice a ainsi découvert une femme pour qui un homme a beaucoup sacrifié, mais qui - et c'est moins (re)connu - a aussi renoncé à bien des choses, entre autres sa liberté et sa «légèreté», puisque jugée coupable d'avoir détourné un roi de son destin.

C'est ainsi que Madonna lui a présenté la Wallis de W.E. «Elle a lu tout ce qu'elle a pu trouver sur le sujet: des biographies, les lettres que Wallis et Edward s'échangeaient. Et elle s'est beaucoup interrogée sur le poids que le sacrifice d'Edward a représenté pour Wallis», ajoute la comédienne australienne Abbie Cornish qui, elle, incarne Wally Winthrop: «J'ai lu le scénario et j'ai senti le personnage éclore sous ma peau. J'ai compris cette femme qui cherche sa voix et sa voie lorsque le film s'ouvre. À cause de sa relation avec son mari, elle est devenue l'ombre d'elle-même et elle est en quête d'une vérité et d'une pureté qui n'existent pas dans sa relation actuelle.»

Pour faire le pont entre les deux récits, la vente aux enchères tenue en septembre 1997 chez Sotheby's, à New York: 40 000 objets ayant appartenu à Wallis et Edward ont alors été mis en vente. Madonna a imaginé Wally parmi les acheteurs. Et s'est placé derrière la caméra, comme elle l'avait fait en 2008 pour Filth and Wisdom.

C'est une réalisatrice très visuelle, très attachée aux détails. Elle chorégraphie les scènes, aime bloquer les choses. Et quand j'arrivais sur le plateau, elle choisissait les bijoux, les souliers, les vêtements que j'allais porter durant la journée», indique Abby Cornish, qui n'a pas eu à se plaindre de ce traitement-là: «Gucci, Prada, Vuitton... Je n'avais rien à redire sur ses choix!» rigole-t-elle.

Ce qui m'a surtout marquée, c'est la passion qu'elle avait pour le projet, ajoute Andrea Riseborough. Mais c'est aussi une formidable réalisatrice. Elle est tenace, pragmatique - et il faut l'être parce que, même si vous imaginez tout ce qui peut se passer, il arrive toujours autre chose et il faut être prêt à réagir.» Parfois avec humour, et Madonna n'en manquerait pas.

Tout en faisant enfiler des tenues griffées à ses dames d'honneur, la réalisatrice, elle, endossait l'uniforme du réalisateur. Casquette sur la tête, écouteurs sur les oreilles et vêtements... très confortables. «Vous le savez: des paparazzis ont pris des photos!», s'amuse Abbie Cornish qui, âgée de 30 ans, a grandi «avec» Madonna. La jeune femme a été frappée de quelques fulgurances du genre: «Wow! C'est Madonna. Et je travaille avec elle!» Mais, la madone ayant les pieds sur terre, il était facile pour les troupes d'oublier son statut de superstar.  

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W.E. prend l'affiche vendredi prochain.