Le Québec compte plus de 2000 lieux de culte catholiques. Mais avec la chute dramatique du nombre de pratiquants, plusieurs églises sont menacées. Le documentariste Bruno Boulianne s'est intéressé à leur sort.

Près de 20 ans après le documentaire Un cirque sur le fleuve, la route du cinéaste Bruno Boulianne recroise celle de Delphis et Monique Duhamel, personnages centraux de cet opus de jeunesse.

Cette fois-ci, cinéastes et sujets quittent le bord du fleuve Saint-Laurent, dans le petit village de Deschaillons, pour le parvis de quelques églises du Québec menacées d'abandon, de vente ou de démolition.

Dans son nouveau documentaire, Ne touchez pas à mon église!, qui sera présenté aux Rendez-vous du cinéma québécois, M. Boulianne s'intéresse au sort incertain qui attend ces lieux de culte reconnus pour leur valeur à la fois patrimoniale et sentimentale.

Le constat est simple: même si les gens ne pratiquent plus, ils tiennent à leur église, dit le réalisateur. Ils ne veulent pas la voir démolie. Le sentiment est le même dans certaines régions où des jeunes viennent se réinstaller.»

À partir de là, tout un questionnement s'ébauche. Que faire des églises? Les préserver telles quelles? En transformer une partie pour offrir d'autres services aux citoyens? Les vendre à un promoteur immobilier? Les démolir?

C'est au terme de son documentaire avec les Duhamel, tourné en 1992, que l'idée a germé, explique M. Boulianne. «Un cirque sur le fleuve racontait la vie de ces deux individus attachants qui s'installaient au bord de l'eau et saluaient tous les grands navires de passage en hissant leur drapeau et en jouant leur hymne national, rappelle-t-il. Ils disaient que cela les faisait voyager. Mais au terme du film, ils disaient aussi vouloir partir sur la route des églises catholiques du Québec pour les photographier. Je me suis toujours dit qu'il y avait une histoire à faire autour de cela.»

Le temps a passé et M. Boulianne a réalisé plusieurs autres documentaires dont Bull's Eye, un peintre à l'affût, sur le peintre Marc Séguin, qui a créé l'événement à l'automne 2010. Mais le documentariste n'a jamais abandonné son idée. D'ailleurs, il a tourné plusieurs séquences de Ne touchez pas à mon église! durant la même période que Bull's Eye.

Saint-Camille

C'est principalement vers Saint-Camille, village des Cantons-de-l'Est, que M. Boulianne a tourné sa caméra. Là-bas, les citoyens ont eu à réfléchir au sort de leur église paroissiale. Et les Duhamel n'y avaient pas encore fait de photos! «Nous sommes partis ensemble découvrir ces lieux», ajoute le réalisateur.  

À Saint-Camille, le réalisateur a suivi toutes les étapes du processus de réflexion sur l'avenir de l'église. Il s'est aussi déplacé dans d'autres villages de la région, tels Ham-Sud et Saint-Georges-de-Windsor, où les gens ont fait face à des problématiques similaires sans en arriver aux mêmes résultats!

Mais une constante demeure. «D'un endroit à l'autre, la présence de l'église reste importante tant pour la mémoire que pour l'identité d'un village», constate M. Boulianne.

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Après son passage aux Rendez-vous du cinéma québécois (le 22 février, 18h, à l'auditorium de la Grande Bibliothèque), où il sera présenté dans sa forme intégrale de 63 minutes, le documentaire sera diffusé le 28 février (format de 43 minutes) à RDI.