Le film Diaz - Don’t clean up this blood a plongé dimanche la Berlinale au coeur des violences policières contre les manifestants anti-G8 de 2001 à Gênes, n’épargnant rien à ses spectateurs.

Dans la nuit du 21 au 22 juillet 2001, alors que la réunion des chefs d’État des huit pays les plus riches touchait à sa fin dans la cité méditerranéenne, environ 300 policiers ont donné l’assaut à l’école Armando-Diaz, qui servait de dortoir à des militants altermondialistes.

Le climat s’était sérieusement dégradé la veille, avec la mort de Carlo Giulani, 23 ans, militant altermondialiste, abattu d’une balle en pleine tête par un policier qu’il menaçait avec un extincteur. La justice italienne a conclu par la suite à la légitime défense.

Les 93 personnes se trouvant à l’intérieur - 40 Allemands, 16 Italiens, 13 Espagnols et des Anglais, des Suédois, des Suisses, des Polonais, des Américains, des Canadiens un Turc, un Néo-Zélandais et un Lituanien - ont subi un déluge de coups de matraques, de poing, de pied, de chaise...

La police avait ensuite tenté de fabriquer des preuves afin d’accréditer la thèse qu’elles faisaient partie de la mouvance violente du Black Block.

Leur calvaire était loin d’être fini, puisque lors de leur garde-à-vue dans la caserne de Bolzaneto - parfois à la sortie de l’hôpital après des soins sommaires - ils subirent encore violences et traitements dégradants de la part des forces de l’ordre, mais aussi des personnels médicaux sur place.

À la suite de cette affaire, dans deux procès distincts, 71 policiers, dont certains haut-gradés, médecins et infirmières ont été condamnés, pour beaucoup à de la prison.
Le film de Daniele Vicari n’épargne rien au spectateur de ces heures de calvaire, prenant tour à tour le point de vue de policiers et de militants.

Il restitue l’ambiance oppressante de ces chaudes journées d’été dans Gênes, envahie par les centaines de milliers de manifestants et les forces de l’ordre, grâce à l’omniprésence des caméras, qu’elles soient de surveillance, de journalistes ou de militants.

«Chaque rencontre, chaque réunion, chaque vitre cassée, chaque charge de la police» a été filmée, affirme le réalisateur qui a consulté les «milliers d’heures d’enregistrements vidéo et de photos» disponibles.

«Tout a été documenté - tout, sauf ce qui s’est passé à l’école Diaz et à la caserne», souligne Vicari.

Parmi les occupants de l’école se trouvaient certainement des membres du Black Block, mais dans le film de Vicari, soit ils étaient déjà partis, soit, comme Etienne, un Français joué par Ralph Amoussou, nommé aux César 2009 de meilleur jeune espoir pour son rôle dans Aide toi, le ciel t’aidera, ils se trouvaient hors de l’école à l’arrivée de la police.

«Quand bien même les personnes présentes avaient toutes été membres purs et durs du Black Block, sur la base de quel règlement a pu être prise une telle décision» qui «a ramené notre démocratie 80 ans en arrière», argumente le réalisateur.

Il esquisse d’ailleurs, sans totalement l’assumer, l’hypothèse d’une provocation policière.
Dans l’après-midi qui précède l’assaut, une voiture de police occupée par quatre carabinieri passe devant l’école. Elle est prise à partie par les occupants, avant de redémarrer au premier jet de projectile, une bouteille en verre, qui se casse sur le trottoir, bien loin de sa cible.

Dans le film, c’est cette «agression» contre un véhicule de police qui justifiera le déploiement de forces nocturne.