Il est déjà sur toutes les lèvres, mais sera-t-il dans les enveloppes des Oscars, dimanche prochain? Le film français The Artist, l’un des grands favoris à une semaine de la cérémonie, sera face à la fine fleur d’Hollywood, pour une cuvée 2012 déjà pleine d’imprévus.

S’il y a bien une chose que déteste l’Académie des arts et des sciences du cinéma, organisatrice des Oscars, c’est l’imprévu. Cette année pourtant, les nerfs de la vénérable institution ont été mis à rude épreuve.

Tout commence en novembre dernier, lorsque le producteur désigné des Oscars 2012, le cinéaste Brett Ratner, prononce en public des propos homophobes.

Gênée aux entournures, l’Académie décide de se passer de ses services, mais perd par la même occasion Eddie Murphy, ami intime de Brett Ratner, à qui elle avait confié la présentation de la soirée, espérant effacer le fiasco du duo Anne Hathaway-James Franco de l’an passé.

Décidant de limiter les risques, l’Académie demande finalement à Billy Crystal, un vétéran de la présentation des Oscars, de reprendre le flambeau. Quelques jours plus tard, c’est la directrice de la communication de l’Académie qui quitte la maison, sans justification et sans remplaçant à ce jour.

Mais la plus mauvaise surprise pour les organisateurs reste sans doute l’abandon en rase campagne de Kodak, le parrain du théâtre où se déroule la cérémonie. En dépôt de bilan, la mythique société de pellicules photo a en effet obtenu cette semaine, du tribunal des faillites de New York, l’autorisation de rompre son contrat, qui devait encore durer dix ans.

Dimanche, l’enseigne Kodak n’avait pas été retirée de la façade du théâtre -situé en plein coeur d’Hollywood- et l’on se préparait donc à remettre les statuettes dans un ex-Théâtre Kodak sans nouveau nom.

Parmi les imprévus, on peut aussi ajouter la statut de favori de The Artist, un film français muet et en noir-et-blanc, hommage à Hollywood, certes, mais bien loin des canons de la production américaine.

Qui, à part Harvey Weinstein, le «magicien» des Oscars et distributeur américain du film, aurait pu lui imaginer un tel destin? Certainement pas ses concurrents, parmi lesquels figurent des pointures comme Hugo de Martin Scorsese ou Cheval de guerre de Steven Spielberg.

Sa victoire serait une première historique: aucun film étranger n’a jamais remporté l’Oscar du meilleur film. The Artist aligne dix nominations, juste derrière Hugo, en lice dans onze catégories.

Au cours d’une soirée qui comptera notamment avec un numéro exceptionnel des saltimbanques québecois du Cirque du Soleil, ont été invités à ouvrir les enveloppes des personnalités telles que Ben Stiller, Bradley Cooper, Penelope Cruz, Angelina Jolie, Cameron Diaz, Tom Cruise, Tom Hanks ou Jennifer Lopez.

Outre The Artist, Cheval de guerre et Hugo, sont également en lice pour la statuette du meilleur film -la plus prestigieuse de la soirée- Moneyball, The Descendants, The Tree of Life, Minuit à Paris, La couleur des sentiments et Extrêmement fort et incroyablement près.

Côté acteurs, Jean Dujardin, très apprécié à Hollywood, n’aura cependant pas la partie facile: il aura notamment face à lui George Clooney et Brad Pitt.

Chez les femmes, Meryl Streep pourrait transformer en statuette sa 17e nomination -record toutes catégories- pour son incarnation de Margaret Thatcher dans La Dame de Fer, à moins que Glenn Close, jamais récompensée, ne lui souffle l’Oscar pour son rôle travesti dans Albert Nobbs.

Les second rôles semblent acquis au vétéran canadien Christopher Plummer pour Beginners et à Octavia Spencer pour La couleur des sentiments, les deux acteurs ayant remporté tous les prix de l’hiver à Hollywood.

Quant à l’Oscar du meilleur film étranger, il serait très surprenant qu’il n’aille pas au film iranien Une séparation, succès international, déjà récompensé aux quatre coins du monde. Le film québécois Monsieur Lazhar pourrait aussi causer la surprise...