Jay Baruchel est aux anges par les temps qui courent. Ce fier Montréalais, fervent partisan du CH, ne pourrait être plus heureux de ce qui arrive à son «bébé» depuis l’accouchement au Festival de Toronto l’automne dernier.

Goon, un film dont il a coécrit le scénario avec Evan Goldberg (Superbad, Pineapple Express), dans lequel il tient aussi un rôle, semble en effet être en mesure de prétendre à la succession de Slap Shot au rayon des rares films cultes tournant autour de notre sport national. 

>>> Lisez Goon: une fausse polémique de Marc-André Lussier.

«Toute ma vie, j’ai clamé mon envie d’écrire et de réaliser des films, rappelle celui à qui Hollywood fait de plus en plus les yeux doux. J’ai aussi toujours dit que je voulais travailler chez nous dans la mesure du possible, pour faire des trucs qui nous ressemblent. Et puis le hockey, c’est ma religion. Quand, il y a cinq ans, le producteur David Gross m’a appelé pour me demander si j’étais intéressé à écrire un scénario à partir d’un livre dont il venait d’obtenir les droits d’adaptation, j’ai eu du mal à y croire. Tout ce que j’aime était là, réuni dans un seul projet !»

De là à parler d’un wet dream professionnel, il n’y a qu’un pas. Que Baruchel franchit allègrement.

«Ce ne fut pas toujours facile à monter, mais ma passion envers ce projet n’a jamais diminué d’un cran. Tous les éléments se sont progressivement mis en place. Bien franchement, le film est encore mieux que tout ce que j’aurais pu imaginer. Goon a récemment pris l’affiche au Royaume-Uni, où la culture du hockey est inexistante, et il a bien marché. Vraiment, je me sens comme un parent qui ne pourrait être plus fier de ce qu’accomplit son enfant !»

Une caricature

Inspiré du bouquin Goon : The True Story of an Unlikely Journey Into a Minor Hockey League, coécrit par le joueur Doug Smith, Goon est une comédie dans laquelle on s’attarde à décrire le parcours de Doug Glatt (Seann William Scott). Ce videur de bars est recruté par une équipe des ligues mineures après avoir affiché de réels talents de pugiliste au cours d’un match où il assistait en tant que spectateur. Le rôle du pauvre bougre, qui a du mal à tenir debout sur ses patins, est de protéger le joueur étoile de l’équipe Xavier Laflamme (Marc-André Grondin). La confiance de cette diva est en effet à reconstruire depuis que le matamore de la ligue, Ross Rhea (Liev Schreiber), lui a fait voir quelques chandelles…

Pour le réalisateur montréalais d’adoption Michael Dowse (Fubar, It’s All Gone Pete Tong), il importait de grossir le trait pour accentuer l’effet de la caricature. Mais il voulait aussi que les scènes se déroulant sur la glace soient très enlevées.

«À mon avis, peu de films ont réussi à bien traduire à l’écran ce qui fait du hockey un sport aussi excitant, dit-il. À part le Maurice Richard de Binamé, il ne m’en vient pas beaucoup à l’esprit. J’ai tenu à ce que les scènes de hockey soient dynamiques.»

Les artisans de Goon revendiquent le caractère «comédie à gros bras» de leur film. Le langage est vulgaire; les scènes de bagarre sont violentes. Et le rire est gras. Goon trouve néanmoins le moyen de n’offenser personne en détournant habilement les blagues sexistes et homophobes attendues, habituellement légion dans ce genre d’exercice.

«Dès les premières étapes de l’écriture, il était absolument hors de question d’exploiter un tel filon, précise Jay Baruchel. Qui n’est pas drôle de toute façon. Ça irait à l ‘encontre de tout ce en quoi je crois. On m’a élevé en m’inculquant des valeurs de respect et de politesse, mais on m’a aussi appris à me tenir debout. C’est ce que fait Doug dans le film. Il était primordial à mes yeux de ne rien cautionner de préjudiciable. On ne voulait pas non plus offrir un film auxquels tous les trous de culs de ce monde pourraient souscrire, bien au contraire. Si ça se trouve, on dénonce plutôt leur profonde épaisseur.»

Marc-André Grondin, qui interprète ici son premier personnage de «douchebag» en carrière,  abonde.

«Au-delà de l’aspect très premier degré, il y a dans ce film une intelligence dans le propos, dit-il. Et de vrais enjeux. Tant du côté des goons que de celui des joueurs vedettes qui craquent sous la pression. Seann donne aussi à son personnage un côté très attachant. Touchant même. Depuis que le film est sorti en Grande-Bretagne, je reçois plein de messages de très jeunes admiratrices et j’avoue que ça me désole un peu. Je ne croyais pas que les «douchebags» pognaient autant !»

Goon (Goon : Dur à cuire en version québécoise) prend l’affiche le 24 février.