Le César du meilleur film étranger a échappé vendredi soir à Incendies, de Denis Villeneuve, lors de la 37e remise des récompenses du cinéma français. Le prix a été décerné à Une séparation, de l’Iranien Asghar Farhadi.

Ce film haletant, d’une impressionnante puissance narrative, superbement interprété, avait notamment remporté «L’Ours d’or» du meilleur film au dernier festival de Berlin, le Golden Globe du meilleur film étranger aux États-Unis, et il pourrait gagner dimanche l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Il fait face notamment à Monsieur Lazhar, du réalisateur québécois Philippe Falardeau.

Sans être hors course, Incendies n’était pas donné favori pour le César. Il faut dire que la concurrence était forte. Les 3000 membres votants de l’Académie des arts et techniques du cinéma avaient en effet à départager un total de sept productions dans la catégorie du meilleur film étranger.

En lice, on ne trouvait que des poids lourds, dont Black Swan, Le Discours du roi, Drive, Le Gamin au vélo des frères Dardenne, Melancholia de Lars von Trier, et Une séparation, dont on s’entendait à prédire la victoire.

Un César n’aurait pas dépareillé l’impressionnante collection de prix amassés par le long métrage que Denis Villeneuve a tiré de la pièce de Wajdi Mouawad (dont neuf Jutra et huit Génie).

Plus tôt cette année, Incendies avait décroché le prix du meilleur film francophone de l’Académie des Lumières, qui réunit les correspondants de la presse étrangère en poste à Paris. L’actrice belgo-marocaine Lubna Azabal, qui tient le rôle principal dans Incendies, a par ailleurs reçu le Prix Magritte de la meilleure actrice, l’équivalent belge d’un Jutra ou d’un César.

Sorti en France au début de 2011, Incendies a fait plus de 340 000 entrées. Ce beau succès public s’est doublé d’un succès critique considérable. A quelques exceptions près, dont celle (notable) du Monde, les médias ont encensé le film.

De cette «première claque de 2001», le magazine L’Express avait prédit qu’on en garderait «sans doute la marque toute l’année».

Incendies
brûle d’un feu calme, qui finit par tout faire flamber: c’est le premier choc cinématographique, le premier film coup de poing de l’année», avait renchéri l’hebdomadaire Le Point.

«Si on veut toucher à l’horreur pure du conflit libanais entre 1975 et 1990, il est plus qu’urgent de se ruer sur ce film canadien», avait de son côté écrit le quotidien Libération.
Le reste de la critique avait emprunté le même ton, qu’il s’agisse du Parisien, de La Croix, de La Tribune ou encore du Journal du Dimanche, qui avait parlé d’une «tragédie âpre, intense en émotions, sur un rythme qui ne laisse aucun répit. Du grand art».