Des militants d'un parti radical hindou ont perturbé vendredi le tournage d'un film de la réalisatrice américaine Kathryn Bigelow sur la traque d'Oussama Ben Laden, mécontents de l'utilisation de lieux indiens pour représenter le Pakistan.

Des membres du Vishwa Hindu Parishad (VHP) ont envahi le lieu de tournage à Chandigarh, une ville du nord de l'Inde célèbre pour avoir été en partie dessinée par l'architecte franco-suisse Le Corbusier, où l'équipe de la réalisatrice tournait depuis quatre jours.

Un marché de la ville avait été choisi par l'équipe de production qui avait accroché des enseignes en ourdou (langue officielle au Pakistan), changé les plaques des rickshaws pour y mettre l'immatriculation de Lahore et embauché des figurants en burqa.

«Ils ont enlevé les pancartes en ourdou et molesté l'équipe qui filmait. Ils ont scandé des slogans contre le Pakistan et ont enlevé de force des drapeaux pakistanais», a rapporté à l'AFP par téléphone un policier sous le couvert de l'anonymat.

Le secrétaire du parti VHP, Ramkrishna Srivastava, a déclaré qu'ils ne voulaient «pas de drapeaux pakistanais sur le sol indien. Nous ne sommes pas d'accord pour que des marchés indiens ressemblent au Pakistan», a-t-il dit.

Sous le titre en projet Zero Dark Thirty, le dernier film de Kathryn Bigelow qui devrait sortir sur les écrans fin 2012 raconte la traque de Ben Laden qui s'est achevée avec le raid d'un commando américain le 2 mai 2011 dans la ville pakistanaise d'Abbottabad, où le chef d'Al-Qaïda a été tué.

Un tournage au Pakistan étant exclu, la presse s'était lancée dans d'intenses spéculations sur les lieux que pourrait choisir la réalisatrice, qui décrocha un Oscar pour son film The Hurt Locker en 2010.

La presse indienne avait suggéré qu'elle pourrait reconstituer la dernière maison de Ben Laden, rasée il y a quelques jours, dans l'État désertique du Rajasthan.

Mais un membre du groupe de production, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, a affirmé vendredi que la reconstitution d'Abbottabad ne serait pas en Inde, mais en Jordanie.

«Nous avons expliqué (aux manifestants hindous) que nous n'avons rien contre l'hindouisme, rien contre le Pakistan. C'est juste un film», a-t-il insisté.