La volonté du réalisateur de Roméo Onze, Ivan Grbovic, de situer l'histoire de Rami dans la communauté libanaise de Montréal sans surligner le côté ethnoculturel - pas plus que le handicap de son héros d'ailleurs - est appréciée tant par l'interprète Ali Ammar que par Sanda Bourenane qui joue sa soeur Sabine.

«On a tous un handicap dans la vie, souligne Ali Ammar en entrevue. Que ce soit le fait par exemple d'avoir perdu ton père trop jeune ou encore d'être un génie à l'école, on porte tous quelque chose qui peut nous mettre à part des autres.»

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Quelque chose qui, en somme, peut constituer un poids, un frein, visible ou non.

Dans le cas d'Ali, il s'agit d'une paralysie de naissance qu'il a en partie vaincue à force d'interventions chirurgicales et de résilience. Ce qui lui a permis de quitter le fauteuil roulant. «Aujourd'hui, je marche comme Robocop», glisse-t-il avec un sourire malicieux.

Cela dit, M. Ammar estime qu'on voit bien peu de personnes handicapées à la télévision québécoise. «On devrait approfondir ce sujet. Il y a tellement de richesse chez ces gens-là», dit-il.

Banaliser l'histoire

De son côté, Sanda Bourenane salue le fait qu'on ait «banalisé» l'histoire dans la communauté libanaise. Banalisé dans le bon sens du terme. «On ne grossit pas l'aspect de la communauté culturelle, dit cette jeune femme d'origine algérienne. Que ce soit tout simplement un aspect du film rend les choses plus réalistes.»

L'un et l'autre, qui ne se connaissaient pas avant le tournage, espèrent avoir l'occasion de jouer à nouveau. D'ici là, Ali, qui a terminé ses études collégiales en psychologie, se destine à une formation universitaire en enseignement du français.

Détentrice d'un DEC en théâtre au cégep John-Abbott, Sanda hésite entre différentes filières universitaires. «J'ai fait beaucoup de théâtre et Roméo Onze était mon premier film, dit-elle. Cela m'a permis de voir les différences de niveaux de jeu. Au théâtre, tu extériorises alors qu'au cinéma, tu rapetisses tes émotions, tes mouvements. On doit demeurer plus naturel. J'ai aimé ce sentiment d'être plus vraie.»