Inquiet que ce soit surtout des entreprises américaines qui financent le passage à l’ère numérique dans les salles de cinéma québécoises, le Regroupement des distributeurs indépendants de films (RDIFQ) demande au gouvernement d’intervenir. Selon l’organisme, cette pratique empêche la présentation de films québécois à petit budget  en région.


« C’est aberrant qu’on soit aussi dépendant des Américains pour diffuser nos propres films », déplore Louis Dussault, du RDIFQ.


Depuis quelques années, les cinémas québécois doivent débourser des centaines de milliers de dollars pour s’équiper de projecteurs numériques. Ces appareils à la fine pointe de la technologie coûtent entre 50 000 et 75 000 dollars. Sans compter l’achat d’un nouvel écran. Pour financer de telles dépenses, plusieurs se tournent vers des boîtes d’intégration américaines comme le géant Cinedigm, en Californie.


Ces entreprises d’intégration exigent que les distributeurs paient chaque fois qu’ils souhaitent projeter un film, ce qu’on appelle, dans le jargon, des frais de copie virtuelle. Coût : 950 dollars US par salle.


« Si on veut diffuser, on n’a pas le choix de payer, explique M Dussault. Sinon, les appareils numériques n’arrivent tout simplement pas à lire notre film. »

Le hic ? La marge de profit des distributeurs est parfois si maigre en région qu’ils doivent piger dans leurs propres poches pour projeter certains films.

Par exemple, Louis Dussault, qui distribuait l’an dernier le film La run, finaliste aux Jutra, a perdu de l’argent dans 17 des 20 salles où il l’a présenté.


Résultat : on trouve de moins en moins de films québécois à petit budget sur les écrans en dehors des grandes villes. « On ne peut plus continuer », dit M Dussault.

« Le gouvernement n’a pas réagi assez vite », déplore le président de l’Association des cinémas parallèles en région, Michel Gagnon, dont les membres n’ont même pas les moyens de passer au numérique.
Appel à l’aide

Lundi, le RDIFQ a lancé un appel à l’aide au gouvernement. Il demande du financement ou, au minimum, des garanties aux banques pour que les propriétaires de salles puissent emprunter plus facilement et n’aient pas à passer par les États-Unis.

À la SODEC, responsable du dossier de la numérisation, on reconnaît la problématique. « Évidemment, on veut s’assurer que les films québécois garderont leur place en région, dit la directrice des communications, Isabelle Melançon. On étudie tout ça pour trouver une solution, mais rien n’est simple. »