Le réalisateur d’Immortals et la fille de Phil Collins ont passé un été à Montréal pour jouer avec ces symboles que sont la pomme et les sept nains, afin de réinventer le destin de Blanche-Neige. Rencontre.

« J’ai vu le dessin animé pour la première fois il y a quelques mois et j’ai bien aimé, mais comme pièce historique », avait indiqué Tarsem Singh, rencontré l’été dernier lors du tournage de Mirror Mirror dans les studios Mel’s, à Montréal. Dans son ton comme dans son sourire, il ne cachait pas que le classique sorti en 1937 des studios Disney ne l’avait pas interpelé.

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En fait, le réalisateur d’origine indienne n’a pas d’attachement particulier pour les contes et, lorsqu’on lui a proposé de porter à l’écran une relecture de Blanche-Neige, il ne s’est posé qu’une question : « Pouvais-je faire mienne cette histoire ? Parce que seuls les projets sur lesquels je peux mettre mon ADN m’intéressent. »

C’était le cas avec ce récit, qui s’amuse des éléments-clés du conte classique et peut se permettre de le faire : « On voit la pomme dans la main de la marâtre et tout le monde est soudain inquiet pour Blanche-Neige. On entend les mots "Miroir, miroir..." et, peu importe d’où l’on vient, on peut terminer la phrase. Dans ce contexte, pas besoin de faire de mise en place. On peut aller directement dans l’action et surprendre avec ces éléments que tous connaissent. »

Bref, mêler les cartes afin de jouer la partie différemment. Dans Mirror Mirror, le prince charmant (Armie Hammer) est pris en sandwich entre la marâtre (Julia Roberts), qui veut l’épouser pour sa fortune, et Blanche-Neige (Lily Collins), qui a besoin d’un allié pour reprendre le trône à sa belle-mère. Les sept nains lui donneront aussi un coup de pouce : bannis de la société par la méchante reine, ils sont devenus de « grands » voleurs qui sévissent dans la forêt.

L’apprentissage de Lily

« C’est un récit d’aventures humoristique. Blanche-Neige est une fille qui a du cran mais qui, au début, est extrêmement naïve. Elle a grandi dans sa tour, elle découvre le monde en écarquillant les yeux. Puis elle devient consciente de ce qui ne va pas dans ce monde et fera ce qu’il faut pour prendre sa place sur le trône et aider son peuple », explique Lily Collins, pour qui cette expérience professionnelle ressemble à celle que traverse le personnage : « C’est mon quatrième film, mais c’est mon premier rôle de cette importance. Je suis arrivée au tournage un peu innocente mais enthousiaste à l’idée de découvrir et d’apprendre. C’est exactement ce qui s’est produit. »

Elle a donc enfilé les robes somptueuses que lui a dessinées Eiko Ishioka (dont ce fut le dernier film) et plongé dans une forêt et des décors qui s’éloignent de l’imagerie associée à cet univers qui, pour une multitude de gens, porte le sceau Disney : « C’est un conte issu de l’Ouest, porté à l’écran par un réalisateur indien qui s’est inspiré de Gaudi pour l’architecture et de la Russie pour les bois – vous savez, de nos jours, la forêt semble appartenir à Tim Burton, je voulais faire différent », résume le réalisateur.

Qui a indiscutablement fait, ici, non du Burton, mais du Singh.


Mirror Mirror (Miroir Miroir) prend l’affiche vendredi.