Si Nanni Moretti pouvait décider, ce qui arrive à Cannes demeurerait à Cannes. Le réalisateur italien préside le jury du festival et dirigera la traditionnelle conférence de presse de clôture de l’événement, le 27 mai.

Il avoue cependant qu’il préférait l’époque où les discussions des jurés étaient considérées comme les réflexions des cardinaux qui choisissent les papes, sujet de son plus récent film, Habemus Papam.

«Il y avait jadis deux tabous dans le monde: le silence après la remise des prix et le conclave», a déclaré Moretti à l’ouverture du festival, mercredi. «Mais aujourd’hui, il ne reste que le conclave», a-t-il déploré.

Le réalisateur - qui a remporté la Palme d’or en 2006 pour La chambre du fils -, préside un jury de neuf membres incluant les acteurs Ewan McGregor et Diane Kruger, les réalisateurs Alexander Payne et Raoul Peck et le designer Jean Paul Gaultier.

S’adressant aux journalistes avant de s’atteler à la tâche de regarder 22 films en 11 jours, les jurés ont déclaré avoir essayé de se présenter au festival sans idée préconçue. Ewan McGregor a même déclaré n’avoir pas lu la liste de films en compétition avant son arrivée à Cannes, mardi.

Tous les jurés ont dit vouloir être surpris par les films en compétition.

Gaultier, qui a conçu les costumes de films de Luc Besson et Pedro Almodovar, a affirmé rechercher «une oeuvre qui suscite de véritables émotions et la surprise», ajoutant qu’il ne se concentrerait pas uniquement sur le style.

«Si le film me touche vraiment, m’émeut, ce n’est pas qu’une question d’esthétique», a-t-il expliqué.

Payne, qui se décrit lui-même comme un «mordu de cinéma», a dit qu’il prévoyait approcher chaque oeuvre comme s’il n’avait jamais vu un film de sa vie.

Plusieurs des jurés sont des habitués de Cannes. Moretti a présenté six films au festival, tandis que Kruger avait un rôle dans Inglourious Basterds, de Quentin Tarantino, en compétition en 2009.

McGregor, qui a participé au festival avec Trainspotting et Moulin Rouge, a confié que revenir à Cannes comme membre du jury est une expérience très différente... et plus plaisante.

«En tant qu’acteur (...) lorsque nous allons dans des festivals, nous montrons nos films. Nous voyons notre propre film puis nous nous assoyons dans une pièce sombre pendant trois jours, puis nous retournons à la maison, a-t-il raconté aux journalistes. Quel privilège ce sera de pouvoir s’asseoir dans le noir pendant 12 jours et recevoir toutes ces grandes histoires!»