Était-il possible de faire un film sur l'apocalypse qui tienne plus de la «dramédie» romantique que du film-catastrophe? C'est le défi que s'est lancé Lorene Scafaria, secondée par ses deux vedettes de Seeking a Friend for the End of the World: Steve Carell et Keira Knightley. Rencontres.

«Je me mettrais à manger tout ce dont je me prive en temps normal: je commencerais avec les fritures, puis je tomberais dans la viande rouge et les sauces, ensuite je me ferais une journée crème glacée», plaisante Steve Carell, «rencontré» à New York par Skype, quand on lui demande ce qu'il ferait s'il apprenait que la fin de monde était à sa porte - comme c'est le cas pour son personnage dans Seeking a Friend for the End of the World, écrit et réalisé par Lorene Scafaria.

Contrairement à la vedette de The Office qui tourne le plus souvent à proximité de chez lui (donc, ne s'éloigne pas de sa famille), Keira Knightley, sa partenaire à l'écran dans ce film qu'il qualifie de «comédie noire absurde», passe beaucoup de temps à l'extérieur de son Angleterre natale. «Je rentrerais à la maison et passerais du temps auprès des gens que j'aime», a-t-elle indiqué lorsque La Presse l'a rencontrée dans une suite du Waldorf Astoria.

En cela, elle ressemble à Penny, une jeune femme bohême dont elle endosse ici la personnalité et qui n'a qu'un souhait: traverser l'océan pour retrouver ses parents. C'est après qu'elle a raté le dernier avion pour Londres qu'elle rencontre Dodge, pourtant son voisin d'immeuble depuis des années. Il est vendeur d'assurances et sa femme l'a planté là lorsque le verdict est tombé: un astéroïde entrera en collision avec la Terre dans 21 jours, la fin du monde est inévitable. Il décide donc, avec l'aide de Penny, à qui il promet de trouver un pilote, de chercher son premier amour.

Une véritable quête, pour «cet homme qui a jusqu'ici traversé sa vie en somnambule», note Lorene Scafaria. Auteure du charmant Nick and Norah's Infinite Playlist, elle porte en elle depuis longtemps l'idée de Seeking a Friend for the End of the World. «Je suis obsédée par l'amour, la mort et le temps», dit-elle.

Années 90

Le chemin qui l'a menée à ce scénario a commencé dans les années 90, quand elle a vu Deep Impact. À travers tous ces effets spéciaux, le seul moment de réelle émotion se trouvait à la fin, «au moment où le personnage interprété par Téa Leoni et son père sont sur la plage et regardent la vague venir vers eux». Il y a ensuite eu septembre 2001: «Ma famille est du New Jersey, j'ai longtemps vécu à New York et j'avais déménagé à Los Angeles où je ne connaissais personne, deux semaines avant les attentats. J'étais loin de tous mes proches, je ne me suis jamais sentie aussi seule au monde.» Enfin, Nick and Norah's Infinite Playlist est sorti, en 2008, suivant le temps d'une nuit un couple d'adolescents dans une tendre dérive dans la Grosse Pomme. «Leur compte à rebours se terminait au lever du soleil. J'ai imaginé ce couple plus vieux, avec, à l'horizon, le plus bruyant des comptes à rebours: la fin du monde.»

Dodge et Penny prennent ainsi la route et croisent des personnes qui réagissent de différentes manières à l'approche de l'apocalypse. «J'ai parlé aux gens autour de moi afin de savoir ce qu'ils feraient, poursuit Lorene Scafaria. La plupart disaient vouloir passer le plus de temps possible avec leurs proches, quelqu'un m'a dit qu'il continuerait à aller travailler, un ami m'a dit qu'il partirait à la recherche de son amour de jeunesse.»

Fantaisie

La piste qu'elle suivrait pour Dodge lui est ainsi apparue. Pour Penny, la voie se trouvait déjà en elle, puisqu'elle partage la fantaisie et l'indépendance du personnage.

Afin d'incarner le premier, elle a pensé à Steve Carell, car «il est l'un des rares comédiens qui peuvent faire rire et pleurer, il peut y avoir tellement de tragédie dans ses yeux». Elle s'est ensuite demandé qui «pouvait allumer le feu sous cet homme endormi», et Keira Knightley s'est imposée: «La lumière qu'elle a dans le regard, son énergie, elle me semblait la bonne personne pour donner un coup de pied dans le derrière de Dodge.»

Les deux acteurs ont lu le scénario, l'ont aimé, et ont immédiatement accepté de participer. «C'est absurdement drôle, sombre et tordu, et ça pose des questions intéressantes: que ferait une personne normale, qui n'est pas un président avec un numéro d'urgence, devant la fin du monde?», indique Steve Carell. «J'aime les drames d'époque et les tragédies, et c'est surtout ce que j'ai fait jusqu'à maintenant. Mais j'aime l'idée de tourner autre chose et c'est ce que Lorene m'a offert. Ma mère s'est moquée de moi - Tu vas faire une comédie... et c'est à propos de l'apocalypse? -, mais ce film offre une vision unique de la fin du monde, il s'attarde sur ce qui devient important, et c'est l'amour, l'amitié, le compagnonnage, les petits riens.»

Bref, la fin du monde à petite échelle budgétaire mais grande en humanité.

Seeking a Friend for the End of the World (Recherche ami pour partager fin du monde) prend l'affiche le 22 juin.

Les frais de voyage ont été payés par Les Films Séville/Entertainment One.