Lorsque l'avion se pose sur la piste d'atterrissage sous les applaudissements des voyageurs et qu'au loin se profilent les palmiers, bien des touristes n'ont en tête que la mer et le rhum qui les attend à l'hôtel.

Produit par La Bande Vidéo, le documentaire Playa Coloniale vient casser le party. En posant leur caméra à Cuba, Martin Bureau et Luc Renaud détruisent une panoplie d'idées reçues sur les vacances dans les tout inclus, notamment celle voulant que l'industrie touristique profite d'abord et avant tout aux Cubains. Selon leurs chiffres, seulement 30% du prix d'un forfait tout inclus retourne au pays hôte. De cette somme, une bonne part revient aux amis du régime.

N'en déplaise à ce touriste québécois qu'on entend affirmer candidement que les Cubains «se contentent de peu» et qu'il n'est pas «intéressé à voir comment les gens vivent», les réalisateurs montrent la dure réalité de Cuba.

La réalité cubaine

Les images de touristes en maillot de bain s'amusant sur la plage juxtaposées à celles d'une famille cubaine qui se partage une seule pièce à La Havane sont troublantes, tout autant que la rencontre avec Oscar, un travailleur de la canne à sucre de 74 ans qui gagne durement ses 15 pesos par jour (60 cents).

Dans ce documentaire, la dissidente Yoani Sanchez apporte une voix nuancée. Pour les Cubains, dit-elle, le contact avec le touriste permet de «détruire l'image en noir et blanc que le gouvernement cubain a créée sur ce qui se passe à l'extérieur». Mais elle invite les visiteurs à sortir de la bulle du tout inclus afin de voir l'autre Cuba, celui de ses habitants.

«Ce n'est pas du tourisme, dit-elle à propos des vacances passées dans les complexes touristiques, c'est du colonialisme.»

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Playa Coloniale est présenté ce soir à 19 h 30 à la Cinémathèque québécoise dans le cadre des Rendez-vous du cinéma québécois.