En 1930, Detroit revendiquait le titre de la ville ayant la plus forte croissance. Huit décennies plus tard, la ville n'est plus l'ombre d'elle-même. La population a décliné de 50% depuis 1950, 40 des 139 milles carrés de superficie urbaine sont vacants et 100 000 immeubles sont abandonnés, apprend-on dans le documentaire Detropia, présenté aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM).

Pour une énième fois, la ville fondée par Cadillac tente de reprendre son souffle. Mais le chemin vers la prospérité est long et semé d'obstacles.

La Presse en a discuté avec la coréalisatrice Rachel Grady.

Q : Plusieurs documentaires ont été réalisés sur Detroit. Quel est l'angle du vôtre?

R : Ma coréalisatrice Heidi Ewing est originaire de Detroit et elle m'a souvent parlé de ce qui est arrivé à sa ville. Nous y sommes allées et avons constaté que celle-ci, comme le phénix, tente de renaître de ses cendres. Mais ça, c'était notre première impression. La question est plus complexe. Oui, il y a des innovations, des projets de relance. Mais comme la plupart des gens vivent dans la pauvreté, ils n'en profitent pas.

Q : Quelle est la réaction des habitants à l'égard des micros et des caméras?

R : Ils sont sur la défensive. Ils se demandent ce qu'on va dire sur eux. Avec nous, au départ, ils étaient ouverts avec prudence. Lorsque nous leur avons proposé de raconter l'histoire de la ville de leur point de vue, ils étaient très intéressés. Ils vivent d'espoir. Ils sont résilients, ont un bon sens de l'humour et ne se considèrent pas comme des victimes.

Q : Vous montrez dans le film des artistes qui profitent des bas prix pour s'installer. Est-ce marginal ou répandu?

R : Plusieurs milliers d'artistes ont acheté des propriétés à Detroit. Ils peuvent faire partie de la solution de la relance. Le problème est qu'ils doivent trouver le moyen de s'intégrer, de s'arrimer aux familles qui sont là depuis deux ou trois générations.

Q : On remarque la présence d'un prédicateur dans votre film comme dans beaucoup de documentaires sur le déclin de villes américaines. Qu'est-ce qui explique cette récurrence?

R : Lorsqu'une ville est en déclin, deux types d'établissements se multiplient: les églises et les magasins d'alcool.

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Aujourd'hui à 16h15 à la salle Fellini de l'Excentris.