Un documentaire choc, présenté jeudi à la Mostra de Venise, met en garde contre le retour de l'organisation de l'État islamique (EI) en Irak, où sa propagande est encore vivace et dangereuse.

Les réalisateurs italiens de ce documentaire ont passé 18 mois à la rencontre d'anciens combattants de l'EI et de leurs familles dans le cadre de ce film ISIS, Tomorrow. The Lost Souls of Mosul (L'EI demain. Les âmes perdues de Mossoul).

Et ce qu'ils ont trouvé dans les ruines de Mossoul, deuxième ville d'Irak, n'a guère de quoi rassurer l'Occident: l'idéologie djihadiste et violente de l'EI est bien vivante.

Elle s'est même renforcée d'une certaine manière, les survivants de l'EI ayant juré de se venger, y compris et surtout par le biais des enfants qu'ils n'ont cessé d'endoctriner.

«Aujourd'hui est à vous, demain nous appartient», lance ainsi la veuve de l'un des «martyrs» de la cause jihadiste, dans une des séquences de ce documentaire, diffusé en première mondiale jeudi à Venise.

Et de jeunes garçons, dont certains devenus infirmes après les bombardements de la coaltion anti-EI, affirment être toujours prêts à mourir pour l'EI.

«Ils sont convaincus que la défaite militaire et géographique ne signifie rien», explique Alessio Romenzi, qui a commencé à tourner avec Francesca Mannocchi à Mossul alors que la guerre y faisait toujours rage.

Et, «nous aurons à faire face au même problème, encore et encore, même s'il change de nom, parce qu'il est toujours là», a assuré le réalisateur devant la presse.

Conditions déplorables

Très peu d'anciens combattants de l'EI se sont repentis, ajoute-t-il, soulignant que, vu de l'extérieur, il est difficile de comprendre combien le soutien envers cette organisation est encore fort.

Le film montre aussi les conditions déplorables dans lesquelles sont détenus les anciens combattants de l'EI, mais aussi leurs familles, abandonnées à leur sort dans les ruines de la ville.

En renonçant à participer à la reconstruction de Mossoul, y compris en venant en aide à tous ses habitants, le monde s'expose à de terribles conséquences, avertit de son côté Francesca Mannochi.

L'EI «va probablement va revenir avec une férocité et une violence encore jamais vues. C'est loin d'être fini», ajoute-t-elle.

L'administration américaine, assure-t-elle, «a dépensé 14 millions de dollars par jour dans la guerre contre le terrorisme, mais à la récente conférence pour la reconstruction de Mossul au Qatar, la communauté internationale a refusé son aide sous prétexte qu'il ne lui appartenait pas de reconstruire un pays».

Pour la co-réalisatrice de ce documentaire, cette situation est comparable à celle de l'Europe après la seconde guerre mondiale, à la différence qu'il y avait alors eu le plan Marshall après la victoire contre le nazisme.

Aujourd'hui, rien n'est fait pour contrer la propagande de l'EI, déplore-t-elle encore.