Avec Une promesse, une histoire d'amour sur fond de Première guerre mondiale inspirée d'un roman de Stefan Zweig, présentée à la Mostra de Venise, Patrice Leconte filme «au plus près» le sentiment amoureux, explique-t-il dans un entretien à l'AFP.

Le film raconte l'histoire d'un jeune Allemand, Friedrich (Richard Madden, un des héros de la série Game of Thrones) issu de la classe populaire qui travaille dans une usine sidérurgique. Il est remarqué par le patron (Alan Rickman) qui fait de lui son secrétaire particulier. Nous sommes en 1912.

Le jeune homme tombe amoureux de la belle épouse de son protecteur, Charlotte (Rebecca Hall), un sentiment partagé. Mais aucun des deux ne se déclare jusqu'à ce que Friedrich soit envoyé au Mexique pour diriger une exploitation minière. À son départ, les deux amoureux se promettent de se retrouver deux ans plus tard mais la guerre éclate....

Patrice Leconte, qui a écrit le scénario avec Jérôme Tonnerre, dit avoir lu le livre sur les conseils de ce dernier et l'avoir laissé faire son chemin en ui.

«J'ai entrevu la possibilité de faire un film comme je les aime passionnément: un film qui suggère, qui évoque, qui ne montre pas mais qui laisse filtrer toutes les émotions, les sentiments, le désir, l'amour, fragiles et forts à la fois», explique-t-il.

«Arriver à filmer le désir amoureux, c'est difficile, mais c'est ce qui m'a très vite enthousiasmé dans ce projet: être au plus près du sentiment amoureux», ajoute-t-il, détendu et élégant, en pantalon clair et chemise blanche.

«Retenue intense»

Il a le «trac», dit-il, car il revient à Venise après plus de dix ans d'absence et présente son film «pour la toute première fois». Il s'en réjouit «infiniment». En 2002, L'homme du train avec Johnny Hallyday et Jean Rochefort, avait conquis la Mostra.

Après l'animation, avec Le magasin des suicides, il revient aussi aux personnages vivants et s'enthousiasme pour son trio d'acteurs anglais, lié au choix de la langue du film.

«Lorsque j'ai rencontré Rebecca, l'idée de faire le film avec elle ne m'a pas quitté. Pour Richard Madden, il y a eu plusieurs essais avec des jeunes comédiens dont certains vraiment très doués mais lui m'a convaincu immédiatement. Alan Rickman est hors concours !», détaille-t-il.

Le scénario du film, d'un budget de 7 millions et tourné en Belgique, n'est pas très dialogué: «on comptait beaucoup sur les silences, sur les regards, sur les non-dits, tout ce qui plane sur la tête des personnages sans jamais oser éclater trop tôt, cette retenue intense», poursuit le réalisateur.

«Et le cinéma, avant d'être les mots ce sont les images, elles sont pour moi la source magnifique pour évoquer les choses».

Dans le film, ces images, d'une sensualité extrême, exprimée en particulier à travers le choix des costumes (Pascaline Chavanne), réussissent à exprimer le trouble. Ceux de Charlotte en particulier, à une époque où la mode est ingrate, où les femmes sont corsetées jusqu'au cou. Sa garde-robe oscille entre transparence et force.

«Ce sentiment amoureux quand il vous tombe dessus accompagné du désir fou, ça ne peut pas s'effilocher en quelques jours, ou semaines», dit Patrice Leconte. C'est justement la question centrale de son film.

«Zweig, écrivain magnifique et pessimiste, avait une réponse assez sombre: le désir amoureux se dilue avec le temps», ajoute-t-il, songeur.

«Moi je voulais qu'il y ait un peu d'espoir. Et on entrevoit un possible», dit-il, en évoquant Wim Wenders: «il disait faire du cinéma pour rendre le monde meilleur. J'ai trouvé cela gonflé à l'époque mais il a raison».