Le 22e festival Fantasia s'ouvre ce soir avec Dans la brume, film de Daniel Roby (Funkytown, Louis Cyr) tourné en France avec Romain Duris et Olga Kurylenko. La Presse s'est entretenue avec le réalisateur au sujet du cinéma comme vecteur de peur.

Quel est votre rapport à Fantasia?

Mon premier long métrage, La peau blanche, était un film d'horreur qui s'est promené à travers le monde dans des festivals de films fantastiques. C'est une situation agréable en raison du type de public [très réactif] que cela attire. À l'époque, Fantasia était un festival plus petit et mon film n'y était pas. Or, ce festival a pris une très grande ampleur. Il a rempli la case laissée de plus en plus vacante par le FFM [Festival des films du monde]. C'est un événement très intéressant et c'est un honneur d'en faire l'ouverture.

Votre film traite de la vie d'une famille de Paris où une brume toxique s'est installée. En dehors de la mort, quels genres de craintes génèrent un tel phénomène?

Cela amène plusieurs réactions. Ici, l'angoisse est liée à la respiration. Plusieurs scènes se passent sous la fumée et l'élément angoissant devient instantané et il est très impressionnant. Le sentiment d'étouffement est quelque chose de très particulier. C'est comme si le spectateur entrait dans une maison en feu. Et puis, cela rappelle la pollution. Il y a un élément écologique qui vient avec le propos.

Avoir peur au cinéma fait-il du bien?

Je pense que oui. Au cinéma, nous sommes en sécurité. Alors c'est la place idéale pour tester son niveau de peur sans être en danger. La grande popularité des films d'horreur et le côté excitant qui y est associé se conjuguent, je crois, au fait qu'on les regarde sur grand écran. La salle de cinéma possède ce côté immersif, sensoriel, qui va bien au film d'horreur. On ne va pas vivre la même expérience si on regarde ça à la maison.

Est-il possible de faire ce genre de film au Québec?

Dans la brume a été fait dans des conditions qui se rapprochent du cinéma québécois. Ce n'est pas comme si on faisait un grand film de studio à Hollywood. Il faut alors être inventif. Dans ce contexte limité, oui, c'est possible. Et j'ai bien sûr envie de refaire un autre film de genre au Québec. Cela dit, avec Dans la brume, je considère ne pas avoir marché bien loin de mes plates-bandes.

La version présentée à Fantasia et au Québec sera une version d'auteur, un «director's cut». Pourquoi?

J'ai eu, à certains moments, des divergences d'opinions avec les producteurs du studio français sur le contenu. Nous avons convenu que je terminais la version pour la France selon ce qu'ils désiraient à la condition qu'au Québec, je puisse sortir une version plus proche de moi. Ce n'est pas une version vraiment plus longue. Il y a, je crois, deux minutes de différence. Mais elle varie dans les performances des acteurs, le ton, le choix des rythmes. C'est un autre montage mais c'est le même film. Il y a suffisamment de changements pour que je sois plus à l'aise.

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Dans la brume sort en salle le 10 août.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Le réalisateur Daniel Roby