Avant même de décider d'apporter une caméra en tournée, Tom Berninger avait un film en tête. Le groupe de son frère, The National, est composé de deux autres couples de frères, alors que son aîné et lui n'ont rien en commun. Mistaken for Strangers est même le titre d'une chanson de The National.

Dans les premières minutes du film, le spectateur se demande à quel point le documentaire est mis en scène. Mais au final, cela importe peu.

Mistaken for Strangers plaira aux amateurs du groupe The National, qui auront droit à plusieurs images de spectacles, à des anecdotes de tournée et à des entrevues informelles avec les cinq membres du groupe. Le plan-séquence à la fin en spectacle est fort réussi, par ailleurs.

Mais le film n'est pas un documentaire rock traditionnel relatant l'histoire du groupe. Le sujet principal est Tom Berninger, l'apprenti réalisateur et petit frère raté du chanteur Matt Berninger. Il vit dans le sous-sol de ses parents. Il aime la musique métal, considère même l'indie-rock comme de la «bullshit prétentieuse». Et voilà qu'il se retrouve en Europe pour la première fois de sa vie afin de travailler en tournée avec le groupe de son frère, dont le succès d'estime se transforme en succès commercial avec la parution de l'album High Violet.

Comme technicien de tournée ("roadie"), Tom n'est toutefois pas à la hauteur. Il veut faire le party plutôt que travailler. Il filme tout sans trop savoir pourquoi.

Le spectateur suit ainsi les pas d'un gars qui vit dans l'ombre de son frère et qui se retrouve au final dans une salle de montage avec 200 heures de matériel. Son sentiment d'échec et sa relation avec son frère deviendront le sujet de son film, et son film deviendra son projet de vie.

Faut-il être un fan de The National pour apprécier Mistaken For Strangers? Pas nécessairement. Car le film est aussi une sorte de documentaire «post-génération X» sur un gars perdu qui voit le groupe cool de son frère connaître du succès.

Présenté aujourd'hui et lundi, salle J.A. De Sève, en présence du réalisateur Tom Berninger et du producteur, Craig Charland.