Le 43e Festival du nouveau cinéma (FNC) s'amorce le 8 octobre avec The Good Lie de Philippe Falardeau. Après cette soirée d'ouverture, les cinéphiles s'en donneront à coeur joie avec un menu de 400 films et événements. Et la programmation se démarque plus que jamais par sa diversité et son débordement dans plusieurs autres disciplines. En font foi notre entrevue avec le directeur général Nicolas Girard Deltruc et nos suggestions.

Le lundi 13 octobre, le Festival du nouveau cinéma (FNC) présentera Résistance naturelle, un documentaire de Jonathan Nossiter consacré à Stefano Bellotti, vigneron du Piémont qui ne fait rien comme les autres. Or, tout de suite après le film, les cinéphiles pourront participer à une dégustation de vins biologiques.

Une dégustation de vins en plein coeur d'un festival de cinéma? Oui, et bien plus encore. Le FNC, qui célèbre sa 43e présentation cette année, cherche constamment à déborder sur d'autres domaines. Tout ça avec l'objectif de rassembler.

Les festivaliers doivent en partie cette façon de faire à Nicolas Girard Deltruc, directeur général du FNC depuis la fin de 2006. Après deux heures de conversation avec ce jeune directeur (38 ans), force est de constater que Deltruc a un amour du cinéma contagieux, auquel se greffe une vision des choses imperméable au conservatisme.

Des projets? Amenez-en! M. Girard Deltruc est ouvert aux suggestions, à l'exploration, à la découverte. Il croit dur comme fer que le cinéma va survivre, tout en refusant de se replier sur une définition unique et passéiste du septième art.

L'exemple de la dégustation de vins n'est pas le plus extrême. Loin de là. Le FNC de 2014 propose d'orienter l'expérience cinéma vers des horizons encore plus avant-gardistes et qui, on peut le supposer, ne feront pas l'unanimité.

Prenons l'exemple du film Panzer Chocolate présenté dans le cadre du volet FNC Pro. «En projetant ce film, nous n'allons pas demander aux gens d'éteindre leur téléphone cellulaire, mais de l'allumer! Les spectateurs vont avoir accès progressivement à du contenu au fur et à mesure que le film va se dérouler et vont même pouvoir en changer la fin, lance M. Girard Deltruc. On veut montrer ce film en tant que curiosité. Il sera par la suite accompagné d'une étude de cas avec les créateurs qui expliqueront ce qu'ils ont voulu faire, évalueront les ratés et les défis à venir.»

Shinya Tsukamoto

Diplômé de l'Université Laval en production cinématographique, Nicolas Girard Deltruc a travaillé en Europe et en Afrique avant d'aboutir au FNC. Il a entre autres fait ses classes à la société de production et distribution MK2, travaillant avec Michael Haneke, Claude Chabrol ou Abbas Kiarostami. Cela lui a permis de développer son expérience de direction.

«Je n'ai pas de formation administrative, mais je me débrouille plutôt bien, dit-il en riant. Mais ce qui me nourrit reste le côté artistique des choses. C'est un équilibre nécessaire, surtout dans le contexte actuel où le financement est difficile. Si on n'a pas quelque chose qui nous fait vibrer, on baisse les bras.»

C'est pour nourrir sa fibre artistique que le directeur général, en dépit d'un horaire chargé au cours des prochains jours, s'est gardé quelques espaces bien à lui durant le FNC. Et s'il avait une recommandation à nous faire, laquelle serait-ce?

«La Louve d'honneur remise à Shinya Tsukamoto me fait très plaisir, répond-il. Tsukamoto est le chef de file du mouvement cyberpunk japonais. C'est l'idole de Cronenberg. Le point commun entre ces deux cinéastes est de titiller l'instinct de survie de l'âme. Tsukamoto le fait moins dans la démonstration et plus dans l'action. Ainsi, son film Fires on the Plain, présenté dans la section Temps Ø, est un long métrage antiguerre qui se passe dans la jungle, où des soldats doivent bouffer du taro pour survivre. Ce film hyper violent touche l'inconscient de l'être humain dans son instinct de survie.»

Et pour ceux que le taro rebute, il y a toujours la dégustation de vins. «L'art de recevoir est une qualité nécessaire à un festival, philosophe M. Girard Deltruc. Pour créer un événement festif durant 10 jours, il faut être un bon vivant.»

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Le Festival du nouveau cinéma, du 8 au 19 octobre;

Info: www.nouveaucinema.ca