Arrivée au Nunavut en 1991, Marie-Hélène Cousineau croyait y vivre un an ou deux, mais, fascinée et charmée par les gens, la culture et les lieux, elle s'y est ancrée bien plus longtemps. Elle y a créé un atelier vidéo et tourné un premier film, Le jour avant le lendemain, il y a quelques années.

Pour son second long métrage, Uvanga, tourné à Igloolik avec Madeline Piujuq Ivalu, Mme Cousineau évoque le voyage d'Anna (Marianne Farley), une femme de 40 ans qui retourne dans l'Arctique avec son fils Tomas (Lukasi Forrest), né d'une liaison avec un Inuit. À travers les yeux du garçon, on découvre les côtés lumineux et sombres de la vie quotidienne dans cette région.

Marianne Farley a vu dans ce film un «scénario touchant et humain» et a plongé avec joie dans l'aventure. «J'avais le sentiment qu'un tournage à Igloolik serait plus difficile, mais très enrichissant. Et j'avais ce désir profond de rencontrer ce peuple et de voir ce coin de pays», confie-t-elle.

Quant à la réalisatrice, elle a répondu par courriel à cinq questions.

Q : Quelle part d'authenticité et de réalité du quotidien des Inuits aviez-vous envie de partager avec les cinéphiles?

R : J'avais envie de filmer des aspects de la réalité quotidienne des Inuits qui sont difficilement abordables pour eux en mode documentaire. La fiction m'a semblé une façon plus réaliste de le faire. En même temps, ce n'est pas un film sur les Inuits. Je ne suis pas une anthropologue ou une sociologue. Je suis une cinéaste qui a vécu au Nord pendant un bon bout de temps...

Q : Quelle est la source d'inspiration d'Uvanga?

R : Les gens me demandent souvent: «C'est comment, le Nord?» J'avais donc envie de réaliser un film qui leur ferait faire un petit tour dans cette région. En même temps, le Nord, ce sont des millions de réalités. Nous en avons montré une, assez courante, celle d'un enfant qui se cherche parce qu'il ne connaît pas bien les gens de son village d'origine. Chaque village au Nord est un monde en soi, avec des familles fortes qui ont des histoires multiples et intenses. Surtout dans les 75 dernières années, alors que leur réalité a bougé de toutes parts.

Q : Que signifie le titre et pourquoi l'avoir choisi?

R : Uvanga veut dire «moi» ou «moi-même». Dans le contexte du film, c'est presque une interrogation: c'est qui, moi? Qui suis-je? Chaque personnage arrive ici avec son monde, son bagage, son moi, son histoire.

Q : Quelle est la part des acteurs non professionnels dans le film?

R : Il y avait quelques acteurs avec de l'expérience, dont Madeline Ivalu, qui est aussi la coréalisatrice, Peter Arnatsiaq, un des meilleurs acteurs que je connaisse, Pakak Inuksuk, qui a fait du théâtre et du cinéma. Les autres étaient nouveaux. Nous avions envie de nouveaux visages, de nouvelles énergies.

Q : Qu'avez-vous vu en Marianne Farley pour interpréter le rôle d'Anna?

R : Marianne est très généreuse et n'est pas effrayée de jouer sans garder un espace de sécurité entre elle et le personnage. Elle a accepté de passer cinq semaines dans le Nord, de jouer sans maquillage, de travailler avec des non-professionnels. Elle se lance complètement!

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À 13h, au Quartier latin (salle 17).