Quatre décennies après le mythique Live at Pompeii, Adrian Maben lance un nouveau documentaire sur le célèbre groupe de rock. Images inédites de 1971, en première mondiale au Festival du nouveau cinéma.

Il y a quatre ans, Adrian Maben a eu la surprise de sa vie. Par un pur hasard, le cinéaste a retrouvé les chutes de son documentaire Pink Floyd Live at Pompeii qui dormaient depuis 40 ans dans un placard de sa salle de bains.

Ces «retailles» contenaient un paquet d'images inédites tournées en 1971 dans un studio de mixage parisien. On peut y voir les Floyd moqueurs et décontractés, causant de tout et de rien au-dessus d'un plat de bonne bouffe.

À l'époque, Maben avait jugé ces bouts de film sans intérêt. Pink Floyd Live at Pompeii n'en compte d'ailleurs que quelques minutes. Mais en replongeant dans ses vieilles bobines, le réalisateur s'est rendu compte qu'il tenait là un vrai trésor. Il n'en fallait pas plus pour qu'il en tire un nouveau documentaire (Le festin des huîtres/Chit Chat with Oysters), qui sera présenté en première mondiale au Festival du nouveau cinéma, vendredi et lundi.

«Chit Chat with Oysters est tout le contraire de Live at Pompeii, a résumé le réalisateur franco-écossais, la veille de sa venue à Montréal. J'ai filmé ces images avec une caméra légère, un peu comme on fait un film de famille. On voit comment le groupe travaillait. Il y a beaucoup de conversations triviales formidables. Sur la bouffe. Sur l'amitié. Sur les façons d'éviter les conflits dans un groupe. On découvre un groupe doté de beaucoup d'humour. C'est la face cachée des Floyd.»

Les deux projections montréalaises - rendues possibles avec la complicité de la Cinémathèque française - serviront de «ballon d'essai», explique le cinéaste. Si la réponse est bonne, le documentaire sera diffusé à plus grande échelle et soumis aux trois Floyd survivants.

Live at Pompeii à Montréal

Pour le FNC, cet événement est évidemment l'occasion de ressortir la version restaurée de Live at Pompeii. Le documentaire mythique d'Adrian Maben, qui a subi plusieurs retouches depuis sa sortie initiale en 1972, sera présenté demain soir en plein air, à la place des Festivals, dans le cadre d'une nouvelle série de projections extérieures.

Le vrais amateurs de Pink Floyd vous le diront: Pompeii est un incontournable. Bien plus encore que The Wall. Ce film majoritairement instrumental présente la formation à l'orée de la gloire, quelques mois avant la sortie de Dark Side of the Moon, interprétant ses chansons dans l'enceinte vide de l'amphithéâtre de Pompéi.

À l'époque, ce film à saveur expérimentale avait été présenté comme «l'anti-Woodstock». Aujourd'hui, il est tout simplement considéré comme une référence dans le domaine du documentaire musical, étant cité par des groupes aussi disparates que Radiohead et les Beastie Boys.

De l'histoire ancienne

Maben ne saurait dire pourquoi le film fascine toujours autant les gens. Avec un peu moins de malchance (bobines perdues, problèmes de génératrice) et un peu plus de temps de tournage, il est convaincu qu'il aurait pu faire mieux.

En vérité, le cinéaste considère Pink Floyd Live at Pompeii comme de l'histoire ancienne. À 70 ans, Maben, qui travaille encore pour la télévision française, en a même «un peu marre» qu'on lui pose «toujours les mêmes questions» sur le film qui l'a mis au monde il y a 40 ans.

Cela dit, le réalisateur déplore le fait que personne ne l'ait contacté pour le spectacle Pink Floyd à Pompéi, qui doit prendre l'affiche en novembre au Québec. Présenté par le groupe Eclipse, cet hommage s'inspirera directement du film de Maben. Pour le réalisateur, la moindre des choses aurait été qu'on le mette au parfum.

«Si vous les voyez, dites-leur que j'aurais trouvé sympathique qu'ils me contactent. Simple question de politesse...»

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Le festin des huîtres, vendredi, 21h, au Cinéma du Parc, et lundi prochain, 13h, à Excentris. Pink Floyd Live at Pompeii, demain, 19h, place des Festivals.

Photo: André Pichette, La Presse

Le réalisateur Adrian Maben